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Full text of "Les symboles des Egyptiens comparés à ceux des Hébreux par Frédéric Portal"

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LES 


SYMBOLES DES ÉGYPTIENS 

•I ' 

. 1 

COMPARÉS A CEUX. DES HÉBREUX. 


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« Les symboles des Égyptiens sont semblables 
« & ceux des Hébreux. » 

(Clément d'Alexandrie, Slromates, V.) 


l»r«!KIMI »■ U"» 1" DONDIT-DOrni, SDK SAINT-LOUIS, 46, AO MARAIS. 


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LES 


SYMBOLES DES ÉGYPTIENS 

COMPARÉS A CEUX DES HÉBREUX, 



PARIS. 

LIBRAIRIE ORIENTALE DE M“* V* DONDEY-DUPRÉ, 

RUE VIVIKNNK, «° î. 

1840 



ERRATUM. 

l’nc cote insérée à la hâte pendant l'impression de ce volume 
contient une erreur: page 19, note 3, effarez le mot nez, et lisez 
quatre au lieu de cinq. 


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LES 


SYMBOLES DES ÉGYPTIENS 

* 

COMPARÉS A CEUX DES HÉBREUX. 


CHAPITRE PREMIER. 

PRINCIPE DE LA SYMBOLIQUE. 

« 

L’origine de la science des symboles se perd dans 
la nuit des temps, et semble se rattacher au berceau 
de l’humanité; les plus anciens cultes en subirent la 
loi; les arts du dessin, l’architecture, la statuaire 
et la peinture, naquirent sous son influence, et récri- 
ture primitive fut encore une de ses applications. 

Les symboles avant de se traduire dans la langue 
écrite existaient-ils dans la langue parlée? La parole 
primitive fut-elle la source des symboles? Telles 
sont les questions qui forment la base de ces re- 
cherches. 

Les premiers hommes pour exprimer les idées 
abstraites empruntaient des images à la nature qui 
les environnait; par une intuition surprenante, ils 

attachaient à chaque race animale, à chaque espèce, 

1 


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s 


PRINCIPE 


aux plantes, aux éléments, les idées de beauté, de 
laideur, de bien ou de mal , d’affection ou de haine, 
de pureté ou de souillure, de vérité ou d’erreur. 

Ces pères de l’humanité ne comparaient pas, mais 
ils nommaient les idées par leurs correspondances 
dans le monde matériel : voulaient-ils dire le roi d’un 
peuple obéissant, ils ne l’assimilaient pas à une 
abeille gouvernant une ruche soumise, mais ils le 
nommaient abeille ; voulaient-ils dire la piété filiale , 
ils ne la comparaient pas à la cigogne qui nourrit sa 
famille , mais ils la nommaient cigogne ; exprimaient- 
ils la puissance , ils la nommaient taureau ; la puis- 
sance de l'homme , le bras ; la force de l'âme , lion ; 
lVim« qui s'élève vers le ciel, l’épervier qui plane dans 
les nues, et qui fixe le soleil de ses regards. 

L 'écriture primitive , image de la primitive pa- 
role, fut uniquement composée de caractères sym- 
boliques ; l’exemple de la Chine et du Mexique le 
démontre , et les symboles que nous venons de citer 
en sont le témoignage dans l’écriture égyptienne (t). 

Si le principe que nous venons de poser est vrai , 

(t) Selon tonte apparence, d’après M. Cbampollion , les Égyp- 
tiens usèrent d'abord de caractères figuratifs et symboliques ( Pré- 
ris , p. 358b M. Lepsius pense également que l’écriture égyptienne 
fut d'abord complètement idéographique ( Annales de rinslilul de 
correspondance archéologique , lom. IX, p. fi. an 1857). 


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DE LA SYMBOLIQUE. 


S 


la parole des premiers peuples dut imprimer des 
traces profondes de ces homonymies dans les plus 
anciennes langues connues ; sans doute dans la suite 
des temps l’expression figurée passa de l’état tro- 
pique à l’état abstrait ; en prononçant le mot abeille, 
et en y attachant l’idée de rot , les descendants des 
patriarches ne pensèrent plus à l’insecte qui vit dans 
une monarchie réglée : dès lors s’effectua un change- 
ment de prononciation d’abord insensible, mais qui, 
dégénérant de langue en langue, finit par faire dis- 
paraître toute trace de symbolisme; une poésie 
morte déshérita alors la poésie vivante des âges an- 
tiques , on ne nomma plus , on compara , et la rhé- 
torique vint remplacer la langue des symboles. 

Cette théorie résulte des faits qui suivent : 

Horapollon enseigne le principe de la symbolique 
égyptienne en disant que l’épervier est le symbole 
de lame , parce que dans la langue égyptienne le 
nom de lepervier est baieth , et qu’il signifie l’âme 
et le cœur : bai lame , et eth le cœur. (Horap. I. 7.) 

Ainsi en Égypte la symbolique reposait sur ce 
fait que le nom d’un symbole renfermait l’idée ou 
les idées symbolisées, puisque lepervier emprun- 
tait sa signification aux deux racines de son nom. 

Le témoignage d’Horapollon nous paraît positif; 
est-il irrécusable? 


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PRINCIPE 


La connaissance des symboles, qui a servi à 
M. Champollion , et qui sert encore aux savants ac- 
tuels à lire les textes égyptiens, s’appuie presque en 
totalité sur Ilorapollon : la pierre de Rosette a mon- 
tré l’emploi de ces caractères mêlés à l’écriture al- 
phabétique , en confirmant en partie l’écrit du hié- 
rogrammale égyptien. 

« Je n’ai reconnu jusqu’ici dans les textes 
« hiéroglyphiques, dit M. Champollion, que trente 
« seulement des soixante-dix objets physiques indi- 
* qués par Ilorapollon , dans son livre premier, 
« comme signes symboliques de certaines idées ; et 
« sur ces trente caractères, il en est treize seulement, 
« savoir : le croissant de la lune renverse, le sca- 
« rabee, le vautour, les parties anterieures du lion, 
« les trois vases , le lièvre , Vibis, ['encrier, le ro- 
« seau , le taureau , Voie chenalopex , la tète de cou- 
« coupha et l’ abeille , qui paraissent réellement avoir 
« dans ces textes le sens qu 'Ilorapollon leur at- 
< tribue. 

« Mais la plupart des images symboliques indi- 
« quées dans tout le livre premier d’Horapollon , et 
« dans la partie du deuxième qui semble le plus au- 
« thenlique, se retrouvent dans des tableaux sculptés 
« ou peints, soit sur les murs des temples et des 
« palais , sur les parois (les tombeaux . soit dans les 


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DE LA SYMBOLIQUE. 

t manuscrits , sur les enveloppes et cercueils des 
« momies , sur les amulettes , etc. » ( Précis , 
p. 348 .) 

M. Champollion n’hésite pas non seulement dans 
la lecture des inscriptions, mais égalementdansl’exa- 
men des autres monuments , à donner aux formes 
symboliques la signification que leur assigne llora- 
pollon; la Notice descriptive des monuments égyp- 
tiens du Musée de Paris montre toute la foi que 
le savant français avait dans l’écrivain niliaque. 

Horapollon n'a donc pas pu se tromper en énon- 
çant, comme un fait connu de son temps, que tel 
signe avait telle signification , parce que son nom 
portait cette signification. On peut inventer le sens 
d’un symbole , ou le détourner de celui qu’il possède 
réellement , mais qu’un scribe égyptien suppose un 
principe aussi extraordinaire que celui de l’homo- 
nymie, et que ce principe soit faux, c’est ce que 
nous ne saurions admettre. 

Ce raisonnement a paru concluant à plusieurs sa- 
vants qui se sont occupés des écritures égyptiennes ; 
l’un des premiers , le célèbre auteur du Traité des 
Obélisques, Zoéga, le reconnaissait en principe. 

« La nomenclature exposée par Zoéga dans son 
« Traité sur les Obélisques, dit le docteur Dujardin, 
< admettait pour les signes hiéroglyphiques un 



0 


PRINCIPE 


« emploi phonétique dans lequel les caractères de 
t 1 ’écri ture sacrée jouaient un rôle analogue à celui des 
« figures dont se composent nos rébus. Horapollon, 
« sur la foi duquel Zoéga avait admis ce cinquième 
€ mode d’expression, nous en cite un seul exemple : 
« il nous montre l’aigle ou 1 ’épervier employé, non 
t plus figurativement pour représenter l’oiseau qui 
« porte ce nom , non plus tropiquement pour expri- 
« mer l’idée d’élévation , non plus énigmatiquement 
« pour rappeler l’idée du dieu Horus , mais phonéti - 
« quement pour désigner lame. Les deux noms de 
« l’épervier et de l’âme sonnant à l’oreille de la 
« même manière , ces deux choses , quoique fort 
c différentes , étant homonymes , dès que la figure 
« de lepervier se trouvait employée pour rappeler 
« seulement le nom de cet oiseau , on sent que de 
« cet emploi pouvait résulter l’expression de l’idée 
« âme. 

« Ce dernier mode d’expression a été signalé par 
« d’Origny dans ses Recherches sur l’Egypte an- 
« cienne , par Zoéga dans son Traité sur les Obé- 
« lisques, comme devant former, si réellement on 
« en fait usage, un obstacle presque insurmontable 
« à l’interprétation d’un grand nombre de tableaux 
« hiéroglyphiques. Toute langue s’altère par le laps 
« des siècles , il est à croire que la langue égyp- 


DE LA SYMBOLIQUE. 7 

« tienne n’aura pu traverser des milliers d’années 
« sans éprouver des changements , des modifica- 

< tions peut-être assez grandes; or , dans un pareil 

* travail, les homonymies primitives s’effacent et 

* disparaissent, et l’on en voit apparaître de nou- 
« velles. La forme des objets , leurs qualités natu- 

* relies ne changent pas; aussi peut-on regarder 
« comme offrant les mêmes résultats , à deux épo- 
« ques fort distantes l’une de l’autre , des modes 
« d’expressions fondés sur cette forme , sur ces qua- 
« lités ; mais les noms changent avec le temps , si 
« bien que telle figure qui , à cause de son nom , 
« aura pu rappeler telle idée à certaine époque, 
« pourra, plus tard, par suite des changements 

* que ce nom aura subis, rappeler toute autre 
« idée que celle qui était dans l’intention de l’écri- 

< vain (1 )• » 

Nous admettons également le principe et les con- 
séquences qu’en tire M. Dujardin, en ajoutant que 
la symbolique dut son origin e aux homonymies , 
mais que cette science une fois établie, les langues 
varièrent sans porter atteinte aux significations pri- 
mitives des symboles. 

L’étude du copte prouve ce fait, puisque les 


(1) Revue des deux mondes, II* partie, XXVI, p. 771-772. 



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PRINCIPE 


homonymies symboliques ont disparu en grande 
partie de la langue égy ptienne parlée , sans porter 
atteinte à la valeur des symboles ; il s’est formé par 
le hasard , ou de toute autre manière , de nouvelles 
homonymies dans le copte , qui n’ont point engen- 
dré une nouvelle symbolique ; cependant , comme 
le principe de la science des symboles était présent 
à l’esprit des hiérogrammates , il est arrivé aux épo- 
ques de décadence que les scribes sacrés jouaient sur 
les mots et visaient au calembourg; c’est ce que 
iVI. Champollion a remarqué dans les inscriptions du 
portique de Denderah (Lettres écrites d’Égypte, 
p. 397); et ce qui nous semble une nouvelle dé- 
monstration de notre hypothèse. 

La conclusion de M. Dujardin est que le copte, 
n'étant pas l’égyptien primitif, ne peut reproduire 
les homonymies symboliques; celte conclusion est 
également celle qui pour nous résulte de la logique 
et de l’étude des faits. Les travaux de M. Gouiianof 
viennent ici éclairer la question ; le système de ce 
savant , présenté dans son Essai sur les Hiérogly- 
phes d’IIorapollon , fut soutenu avec ardeur par le 
savant orientalisteKlaproth, et attaque par M. Cliam- 
pollioiu Ce système repose en partie sur ce que 
l’académicien russe nomme les jmronomases ou jeux 
de mots ; dans Horapollon il n’en trouve que dix-huit 


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DE LA SYMBOLIQUE. 


9 

explicables par le copte , et dans ce nombre il en est 
plusieurs qu’on ne saurait admettre. 

Ce travail a rendu service à la science en prouvant 
d’une part que les homonymies avaient dû être l’o- 
rigine de la symbolique égyptienne, puisqu’il en 
existe encore plusieurs traces dans le copte ; et de 
plus, qu’il est inutile de chercher dans cette langue 
la raison complète des symboles de l'Egypte. 
M. Goulianof fut lui-même convaincu de cette inuti- 
lité en abandonnant les paronomases pour s’attacher 
à te qu’il nomma les acrologies , ou l’explication des 
symboles seulement par l’identité de la première 
lettre entre le nom du symbole et le nom de l’idée 
symbolisée. Enfin, ne trouvant plus dans le copte 
l’explication des symboles ainsi qu’Ilorapollon la 
donne, M. Goulianof, dans son Archéologie égyp- 
tienne, vient de tomber dans l’écueil signalé par 
Zoéga , d’Origny et Dujardin; il veut reformer par 
le copte seul une nouvelle symbolique en opposition 
et aux témoignages de l’antiquité et à l’évidence des 
monuments. 

Dans toutes les langues il existe des homonymes, 
mais ces homonymes sont-ils des symboles? Non ; 
les homonymes de b langue copte sont pour la plu- 
part le produit du hasard , et un [«lit nombre seule- 
ment manifeste l’influence de la symbolique. 


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PRINCIPE 


Il était fapile à M. Goulianofde trouver des homo- 
nymes dans le copte; mais ce fait, reproduit dans 
toutes les langues , est de nulle valeur s’il ne con- 
firme les faits de la science; or, il suffît de jeter un 
coup d’œil sur quelques-unes des explications four- 
nies par M. Goulianof, pour reconnaître que son nou- 
veau système est en contradiction manifeste avec les 
rapports de l’antiquité et les découvertes modernes. 

Ainsi l’abeille , symbole du roi d’un peuple obéis- 
sant, d’après Ammien Marcellin et Ilorapollon, 
désignerait les rois impies. 

La couronne blanche et la couronne rouge, qui 
sont, d’après la pierre de Rosette et tous les savants, 
les signes de l'Egypte supérieure et de l’Egypte in- 
férieure , deviennent la couronne des Pharaons im- 
pies, et la couronne entachée de sang. 

Le scarabée serait le symbole apocalyptique des 
sauterelles qui sortent du puits de l’abîme; enfin 
non seulement tous les Pharaons auraient été des 
impies , mais tous les dieux se transformeraient en 
satans (Archéologie égyptienne, tom. III). 

Nous pensons que les bases de la science égyp- 
tienne sont désormais trop solidement établies pour 
être détruites, et que c’est seulement en marchant 
dans la voie déjà tracée que l’on pourra accomplir 
de nouvelles découvertes. 



DE LA SYMBOLIQUE. H 

Salvolini en acceptant tons les faits irrécusables , 
et en reconnaissant le principe de la symbolique 
égyptienne , fit faire un plus grand pas à la science, 
et s’il n’atteignit point le but, du moins il en fraya 
le chemin; ses découvertes successives montrent 
dans tout son jour la vérité du principe sur lequel 
nous nous appuyons. Dans son ouvrage sur la Cam- 
pagne de Rhamsès , il dit : 

« Voici un fait qui n’a pas encore été constaté : 
« on sait bien que telle image d’objet a pu servir 

* dans l’écriture sacrée, comme signe tropique de 
« telle idée ; mais personne n’a encore fait observer, 
« que je sache, que l’expression phonétique du nom 
« propre même de cet objet, tel qu’il est usité dans 
« la langue parlée , représentait quelquefois tropi- 
« quement dans la langue écrite la même idée , dont 
« l’image isolée de l’objet était autrefois le symbole. 
« Telle est , suivant moi , l’origine de la signification 
« de force, que reçoit souvent dans les textes le mot 
« aj CA' TT 05 cuisse de bœuf ; c’est par une foule 

* d’exemples que j’ai été conduit à cette conclusion; 
« je me contenterai d’en citer un seul. On sait par 
« le texte d’HorapolIon que le vautour était, en 
« Egypte , l’emblème de la victoire (I. n), le nom 
« de cet oiseau , tel qu’on le trouve dans les inscrip- 
« lions, s’écrit toujoursnpEOYjc’est le copte noVpï. 


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PRINCIPE 


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« Or, irès-souvent ce même nom a été employé, 
« soit dans le Rituel funéraire, soit dans d’autres 
« textes , pour exprimer l’idée vaincre ou victoire ; 
« seulement, dans ce dernier cas, il reçoit un se- 
» cond déterminatif, le bras tenant le casse-tête 

« Un pareil fait n’offre rien d’extraordinaire dans 
« sa nature ; mais on sera certainement étonné de 
« voir que quoiqu’il existe dans les textes an- 
« t iens égyptiens un certain nombre de mots symbo- 
« liques, tels que ceux que je viens d'indiquer, la 
« langue copte n’en conserve presque pas de trace. » 
(Salvolini, Campagne de llhamsès, p. 89. ) 

Dans l'Analyse des textes égyptiens , Salvolini for- 
mule sa pensée d’une manière plus complète , et 
reconnaît à la langue copte un caractère plus sym- 
bolique qu’il ne l’avait d’abord présumé. Il établit 
en principe qu’un mot peut avoir pour détermina- 
tif un signe dont le nom est le même que le mot 
qu’il accompagne, quoiqu’il ne représente nulle- 
ment la même idée ; en traduisant la pensée de Sal- 
volini, nous dirons que les déterminatifs symbo- 
liques empruntaient leur valeur à l’homonymie. Ce 
passage est trop important pour le passer sous 
silence : 

« L’admission de ma part d’une opinion telle que 
« celle que je viens d’émettre , relativement à l’ori- 


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I)E LA SYMBOLIQUE. 


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« gine île l’emploi des deux différents caractères tro- 
« piques de l’idée race ou germe , ne manquera pas 
« de surprendre, au premier abord, ceux qui savent 
€ qu’elle a été constamment désavouée par mon il- 
« lustre maître (1). Si l’on s’en tient aux dogmes 
« qu’il a cherché à établir dans son dernier on- 
« vrage , les signes tropiques employés par les Égyp- 
« tiens se réduisent, quant à leur origine, aux quatre' 

* procédés suivants, déjà signalés par Clément d’A- 
« lexandrie : le premier par synecdoche , le second 
« par métonymie , le troisième par métaphores , le 
« quatrième par énigmes (2); mais je dois avouer, 
« d’après ma propre expérience, que, pour peu 
« qu’on avance dans l’étude des textes hiéroglyphi- 
« ques , on sent bientôt l’insuffisance des quatre mé- 

* thodes précitées , pour l’explication de cette foule 
« de caractères symboliques que les Égyptiens ont 
« employés sans cesse. Le savant hiérogrammate 
« lui-mème , qui , à l’époque de La publication de 

* son Précis, avait déjà reconnu , pour la formation 
« des signes symboliques , les quatre procédés qu'il 
t vient d’annoncer dans la Grammaire hiérogly- 


(1) Ce passage semble faire allusion ail système de M. Gouliaiiuf 
combattu par M. Champollion. 

(2) Cfr. Grammaire égyptienne , p. 23. 


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PRINCIPE 


« phique, avoue, dans la suite de son ouvrage (1), 
« qu'il ne resterait plus quà trouver une méthode pour 
a reconnaître la valeur des caractères symboliques ; et 
« c'est là l'obstacle , ajoute -t- il, qui semble devoir 
« retarder le plus l'intelligence pleine et entière des 

< textes hiéroglyphiques . Or je suis persuadé que 
« cette méthode, que feu Champollion désira qu’on 
« découvrît pour reconnaître l’origine du grand 

< nombre, parmi les caractères tropiques égyp- 
« tiens, qui n’ont pu être expliqués par les procé- 
« dés signalés par Clément d’Alexandrie ; que cette 
« méthode, disons-nous, se trouve justement dans 
« le nouveau principe que je viens d’appliquer à 
« l’explication des caractères déterminatifs du mot 
« rot, germe . Voici du reste comment je formule ce 
« principe : 

« Comme toute image hiéroglyphique a son terme cor - 
« respondant dans la langue parlée , il en est un certain 
« nombre qui ont été prises comme signes des sons aux - 
« quels elles répondaient , abstraction faite de leur signi- 
« fication primitive. Les caractères hiéroglyphiques appar - 
« tenant à cette singulière méthode d'expression , de même 
u que tous les autres signes tropiques qu'emploie l'écri- 

(1) Précis du système hiéroglyphique , p. 338 et 462-3, 2* édi- 
tion. 


DE LA SYMBOLIQUE. 


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< ture égyptienne, ont été employés, soit isolément, soit à 
« la suite des mots. » (Analyse, p. 225.) 

Comme application de ce système, Salvolini 
montre que le mot égyptien nu , faire, est habituel- 
lement représenté dans les textes par l’image isolée 
d’un ail, parce que, d’après Plutarque et les mo- 
numents, le nom de l’œil est également nu. 

De même le museau de veau signifie celui qui est 
à, ou dans ; parce que le nom du museau ou nez 
est, fent, fait allusion au mot peste, celui qui est à 
OU dans. 

Le caractère hache signifie Dieu, parce que le mot 
ter désigne une hache et un Dieu. 

L’idée de statue était représentée par le dieu Toth, 
parce que le nom de Toth forme le mot statue. (Cfr. 
la Pierre de Rosette.) 

Le dieu Toth, protecteur d ’llermopolis magna , 
reçoit pour titre, dans les inscriptions, le signe sei- 
gneur et le signe du nombre huit, parce qu’en égyp- 
tien le nom d'Hermopolis signifie huit. 

La déesse Neith reçoit pour nom symbolique une 
sorte de métier de tisserand , parce que la même 
ressemblance existait entre le nom de Neith et le 
métier nat. 

Une espèce d’oiseau aquatique était le signe de 



1 (> 


PRINCIPE 


L’idée de médecin , parce que sur les monuments le 
nom de cet oiseau est snvi , et qu’en copie le mot 
seini signifie médecin. 

Le doigt représente le nombre dix mille, et teb 
signifie le doigt, et tiu dix mille. 

« Je ne sais, ajoute Salvolini , si le petit nombre 
« d’exemples que je viens de soumettre au lecteur, 
< en preuve du nouveau fait dont je crois avoir dé- 
« couvert l’existence dans le système des écritures 
« égyptiennes, suffira pour le faire admettre. Quant 
« à moi, dans mon intime conviction de la réalité du 
€ principe que j’ai cherché ici à établir, conviction 
* qui se fonde sur les résultats obtenus de l’appli— 
« cation de ce principe à l’interprétation d’un très- 
« grand nombre de textes, je dois avouer fran- 
« chemenl que, depuis le moment que j’ai pu 
« soupçonner son existence , la partie symbolique 
« des écritures égyptiennes , partie que Champol- 
« lion a laissée, on peut dire, intacte, et qui pour- 
« tant, j’ose le dire, est la plus nécessaire à eon- 
« naître, m’a paru enfin dans son véritable jour. » 
(Analyse, p. 233.) 

Après ce témoignage décisif, nous devons pré- 
senter celui d’un homme que l’Europe savante con- 
sidère, à juste titre, comme l’un des représentants 
actuels de la science égyptienne. 


» 


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DE LA SYMBOLIQUE. 


17 


M. Lepsius, dans sa lettre à M. Rosellini , re- 
cherche quel est le moyen de reconnaître la signifi- 
cation des signes idéographiques , et il assigne dix 
sources principales pour parvenir à ce but ; les huit 
premières, qu’il nous importe de reproduire , parce 
que nous les avons adoptées dans nos recherches , 
sont : 

1° La représentation même de l’objet pris dans 
le sens propre ; 

2° Les images ou tableaux que le caractère ac- 
compagne ; 

3° L’explication des auteurs grecs ou latins; 

4° Les traductions anciennes ; 

5° Le contexte lui-même; . 

6° Le groupe phonétique qui accompagne le 
signe ; 

7° Les variantes des différents textes ; 

8" Les signes idéographiques employés comme 
initiaux de certains groupes dont le reste est pho- 
nétique. 

Développant cette dernière source, celle des si- 
gnes initiaux, M. Lepsius dit : « Ce sont des signes 
« qui s’employaient aussi souvent seuls et avec une 
« signification idéographique , mais qui servaient en 
« même temps à représenter tous les mots ou par- 
« ties de mots qui renfermaient les mêmes lettres , 

2 


1 


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18 


PRINCIPE 


c .quoiqu’elles eussent souvent un sens très-difle- 
« rent. Nous avons rencontré plusieurs fois la même 
€ licence pour les caractères purement idéographi- 
* ques. La corbeille se prononce «6, et désigne 
c aussi bien le seigneur , que le tout (1). » 

11 est facile de reconnaître , par ces derniers pas- 
sages de WM. Salvolini et Lepsius , que les travaux 
de ces savants sur les symboles s'appuient du moins 
en partie sur les homonymies, et rentrent par con- 
séquent dans la théorie de l’académicien russe ; seu- 
lement M. Goulianof veut trouver la raison des 
symboles dans le copte seul , tandis que MM. Sal- 
volini et Lepsius la demandent également aux textes 
hiéroglyphiques. La conséquence naturelle de ce 
dernier principe était la division de la langue égyp- 
tienne en deux dialectes , l'égyptien des monuments et le 
copte , répondant à la langue sacrée et à la langue vulgaire 
de Manelhon. 

Écoutons encore M. Lepsius : « Les Égyptiens, 
« dit-il, avaient deux dialectes bien distincts, sa- 
« voir ; l’ancien dialecte classique et sacré [isp* 
« yiwi rua (2) , upà àaXexTss (3)] , et le dialecte popu- 

(1) Annales de l’ Institut de corres/iondance archéologique; 
Rome, 1837, p. 26 cl 31, tome IX. 

(2) ManelE. ap. Jos. C. Ap. p. 44S. 

(3) Manelh. ap. Syncell. Chron. p. 41). 


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DE LA SYMBOLIQUE. 


19 


* laire [xoivA &«Xexw« (1)] ; l’écriture sacrée, ainsi que 
« l’écriture populaire hiératique, nous présente de 
« tous temps le dialecte sacré ; et l’écriture populaire 
« ëpistolographique , ainsi que la littérature copte , 
« nous présente le dialecte populaire (2). » 

Les faits et les raisonnements sur lesquels M. Lep- 
sius fonde son opinion paraissent solidement éta- 
blis; cette division des deux langues expliquerait 
alors comment le copte se refuse souvent à l’expli- 
cation des symboles , explication que l’on retrouve 
en partie dans la langue sacrée (3); cependant il 
existe très-peu de diftërence entre ces deux dialectes 
sacré et profane, et si le premier présente un assez 
grand nombre de mots qui ne se reproduisent pas 
dans le second , cependant la langue des monu- 
ments est encore loin de donner la raison complète 
des symboles. 

Nous ne doutons pas cependant que de nouveaux 


(1) Maneth. ap. Jos. iib. I. 

(2) Annales de C Institut de correspondance archrol . IX , 18; 
et l’appendice, p. 67. 

Cfr. Salvolini, Campagne de Rhamsès , p. 91 ; et la Traduction 
de T Obélisque, p. 10. 

(3) Dans les huit exemples d’homonymies symboliques que nous 
avons cités d’après Salvolini , cinq se retrouvent dans le copte ; ce 
sont le nez , la statue, huit, le métier et le doigt. 



ÏO 


PRINCIPE 


travaux entrepris dans le but de découvrir des mots 
symboliques dans les textes hiéroglyphiques, ne 
conduisent à d’importants résultats ; mais, pour at- 
teindre ce but , il sera sans doute nécessaire d’in- 
terroger l’origine des symboles de l'Égypte. 

11 est généralement reconnu aujourd’hui que la 
religion et le système d’écriture des Égyptiens furent 
empruntés à l’Éthiopie (1). 

La conséquence nécessaire de ce fait et de ce qui 
précède est, que la langue éthiopienne renfermait la 
raison des symboles: comment, en elfet, pourrait-on 
admettre que les inventeurs d’un système d’écriture 
basé sur la langue se fussent servis d’une langue 
étrangère pour exprimer leurs idées? læs Égyptiens 
acceptèrent les symboles des Éthiopiens et les si- 
gnifications qui leur avaient été imposées à l’origine 
de l’écriture. Nous avons déjà dit que les symboles 
ne dépendaient de la langue qu’à l’époque de leur 
formation; et que le système «le symbolique étant 
formulé , la langue pouvait varier ou complètement 
changer sans apporter la moindre altération à l’ex- 
pression primitive de l’image. Ainsi les Égyptiens 
pouvaient adopter en entier la symbolique des Éthio- 
piens sans que la langue égyptienne eût le moindre 


I) Cliainpollion-Figcac, Egypte ancienne, p. 28, 34, 417. 


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DF. LA SYMBOLIQUE. 


21 


rapport avec la signilication des symboles; cepen- 
dant il est plus que probable que l’Égypte reçut une 
partie des mots de la langue éthiopienne sur lesquels 
reposaient les symboles , ou du moins que la langue 
écrite des Égyptiens acquit un caractère symbolique 
qui était étranger «à la langue vulgaire. 

Jamais un peuple n eut une haute influence sur la 
civilisation d’un autre peuple sans lui imposer une 
partie de sa langue ; les Éthiopiens durent imprimer 
dans la langue sacrée de l’Égvpte des traces pro- 
fondes de leur influence religieuse, tandis que cette 
influence dut être beaucoup plus restreinte sur le 
dialecte vulgaire. 

Ce qui semblerait confirmer cette opinion , c’est 
que les mots de la langue sacrée qui n’existent pas 
dans le copte se retrouvent en partie dans les lan- 
gues qui appartiennent à la même souche que l’é- 
thiopien , et que les symboles de l’Égvpte trouvent 
également leur explication dans ces langues. 

Écoutons ici le prêtre égyptien Manethon ; ex- 
pliquant le nom des pasteurs ou kykschos, il dit que 
le mot YK , roi , appartient à la langue sacrée , Upm 
■ylüoaav; tandis que 202, pasteur, appartient à la lan- 
gue vulgaire , xoivriv Si3.lex.voy. 

Le mot 202 se retrouve dans le copte avec la 
valeur assignée parle prêtre de Sebennyte, ujtuc, 


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PRINCIPE 


îi 

pasteur ; le mol TK , roi , existe sur les monuments 
pharaoniques , et manque dans le copte ; nous voyons 
ici , avec M. Lepsius , une preuve que le copte était 
la langue vulgaire , et que les inscriptions hiérogly- 
phiques sont l’expression de b bngue sacrée. 

Le mot TK n’existe pas dans l’éthiopien , mais on 
le retrouve dans une langue qui tient à la même ori- 
gine , l 'hébreu ; le mot TK , qui a été reconnu sur l'o- 
bélisque de Louqsor (1) par Salvolini , est ortho- 
graphié par le pedum et Y angle ; ce groupe , transcrit 
en caractères hébreux , d’après l'alphabet de 
M. Champollion, donne le motpTl une loi, un decret, 
ppn un législateur, un souverain ou roi modérateur, 
ainsi que Salvolini traduit ce groupe (2). 

Ce mot est en même temps symbolique , c’est-à- 
dire fondé sur l’homonymie, puisqu'il signifie en hé- 
breu un sceptre et un souverain , et que ce sceptre est 
le signe de l’idée roi modérateur. 

On ne peut nier les relations intimes qui existent 
entre les langues éthiopienne et hébraïque. Wans- 
leben a lait le rapprochement de cinq cents racines 
qui sont les mêmes en éthiopien et en hébreu , in- 


(1) Façade des Champs-Élysécs , première inscription sous la 
bannière à gauche ; Salvolini, Explication de l'obélisque. 

(2) Cfr. Campagne de Rhamsès , p. 16. 


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DE LA SYMBOLIQUE. 25 

dépendamment des autres langues sémitiques; ce 
travail est imprimé dans le Dictionnaire éthiopien 
de Ludolf (p. 475 et suiv.); le voyageur Bruce re- 
marque également cette ressemblance (tome II, 
p. 267 ) , et le savant Gesenius la consacre dans son 
Lexique. 

On pourrait trouver ici la raison historique des 
laits que nous cherchons à établir dans ces recher- 
ches : 

L’hébreuetréthiopiendécoulentd’une source com- 
mune, voilà ce que prouve la philologie ; un de ces 
dialectes nous a été conservé pur dans le Pentateu- 
que , tandis que la langue éthiopienne éprouva de 
nombreux changements, soit par suite des diffé- 
rentes migrations de peuples dans l’Êthiopie, soit 
par l’effet du temps ; on n’aurait donc pas lieu de 
s’étonner que l’hébreu donnât des explications aux- 
quelles l’éthiopien se refuserait. 

Un foit déjà signalé et non expliqué, est qu’il 
existe des mots égyptiens qui se reproduisent iden- 
tiquement dans l’hébreu, et qui manquent dans le 
copte ; M. Lepsius se sert de cette observation pour 
expliquer un des noms égyptiens du cheval, D1D scs 
(Lepsius, Annales, IX, 56). Je trouve dans le même 
ouvrage le mot scher, qui n’existe pas dans le copte, 
et que M. Lepsius traduit par règne (Annales, pl. A, 


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21 


PRINCIPE 


col. c); l'hébreu me l’explique, puisque TtP scher 
signiûe un prince, un roi, un gouverneur. 

Écartant ici tout rapprochement entre les langues 
égyptienne et hébraïque , nous voulons seulement 
établir qu’alors même qu’il serait démontré que la 
signification des symboles se retrouve en entier dans 
l'égyptien, et qu’il n’y eut jamais un seul mot de 
commun entre la langue de Moïse et celle des Pha- 
raons , ces deux langues étrangères l’une à l’autre , 
mais animées du même génie symbolique, don- 
nèrent également aux mêmes objets physiques les 
mêmes significations morales. 

Les différentes autorités que nous avons invoquées 
nous ont , je crois , suffisamment éclairé sur le prin- 
cipe de la symbolique égyptienne ; il est nécessaire 
de rechercher maintenant si ce caractère symbolique 
appartient à l’hébreu. 

Non seulement tous les noms d’hommes, mais les 
noms des quadrupèdes , des oiseaux , des poissons , 
des insectes, des arbres, des fleurs, des pierres, sont 
significatifs en hébreu ; il n’est pas nécessaire de le 
prouver aux hébraïsants , ils n’ignorent pas le sa- 
vant et volumineux traité de Bochart sur les ani- 
maux mentionnés dans la Bible. 

Ce principe des noms significatifs , reconnu vrai 
et adopté par le célèbre Gesenius, et avant lui par 


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DE LA SYMBOLIQUE. ÎS 

tous les lexicographes , n’est pas niable ; mais l'ap- 
plication qu’on en a faite étant purement arbitraire 
et ayant été entreprise sans but , ne produisit aucun 
résultat utile pour la science. 

Bochart , ignorant le principe de la symbolique , 
ne cherche et ne trouve dans les noms des animaux 
que des significations purement arbitraires; tordant 
à sa fantaisie les racines hébraïques , il repousse le 
sens moral quelles présentent naturellement , parce 
qu’il ne comprend pas le rapport qui peut exister 
entre un animal et une idée philosophique ; lorsque 
ce rapport est par trop évident il le donne, mais 
comme malgré lui ; ainsi il ne peut nier que le eau- 
tour signifie la miséricorde , et la taupe le monde. 

L’hébreu porte donc une empreinte évidente de 
symbolisme, puisqu’il donne aux objets matériels 
des significations morales. Avant de tirer la conclu- 
sion de ce fait remarquable , résumons les déduc- 
tions précédentes. Les symboles de l’Égypte , fondés 
sur les homonymies, furent empruntés à l’Éthiopie 
avec la religion et le système d’écriture. Nous ve- 
nons de dire que l’hébreu et l’éthiopien primitif dé- 
rivaient d’une source commune, la conclusion amène 
à rechercher si l’hébreu donnerait la raison des sym- 
boles de l’Égypte. 

La question présentée en ces termes ne peut être 



26 


PRINCIPE 


résolue que de deux manières , par le témoignage 
des écrivains de l’antiquité, et par l’application de 
l’hébreu aux symboles hiéroglyphiques. 

Clément d’Alexandrie , le père de la science mo- 
derne de l’Égypte, dit en termes exprès qu’m ce qui 
touche les choses mystérieuses , les symboles des Égyptiens 
sont semblables à ceux des Hébreux : 

Ousia yoiv toi» E Spaïxotç , xaTa ye vèv tTrtxpuipiv , xai tüv 
Aij'VTrrtMV abiytixia (I). 

L’autorité de Clément d’Alexandrie ne saurait 
être révoquée en doute, puisque son témoignage est 
le fondement sur lequel M. Champollion et les égyp- 
tologues élèvent leurs systèmes d’interprétation des 
écritures égyptiennes. Clément d’Alexandrie, nourri 
de La lecture de la Bible , n’a pu lairc un rapproche- 
ment aussi extraordinaire, pour un chrétien et pour 
un Égyptien, sans avoir sous les yeux les preuves 
positives de la vérité de son assertion. Ce passage 
formel doit donc recevoir une application; la seule 
possible est de rechercher dans la Bible et dans l’hé- 
breu la raison des symboles de l’Égypte. 


(I ) Stromat. Iib. V, p. K66, ed. Sylburg. — Dans ce passage, 
Clément d’Alexandrie semble faire allusion au double sens des mots , 
puisque les dictionnaires traduisent tnix^ieju; par aenigmaticus 
ferma , et atvtyft k par ambages verborum . 


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27 


DE LA SYMBOLIQUE. 

Que cette interprétation paraisse vraie ou fausse, 
on ne saurait l’affirmer ou la nier sans preuves ; 
dans les questions d’archéologie, le fait doit toujours 
dominer le raisonnement , et c’est aux faits seuls 
que nous voulons en appeler. 

Le premier résultat de ce système serait de don- 
ner la méthode explicative des symboles égyptiens, 
que M. Champollion demandait dans son Précis (1); 
Salvolini, dans son Analyse des textes égyptiens 
(p. 225); et que M. Lepsius recherche dans dix 
sources différentes. 

Le second serait de considérer l’hébreu comme 
étant l’expression de la symbolique primitive , si ce 
n’est en totalité, du moins en grande partie; nous 
ferons l’application de ce principe aux couleurs sym- 
boliques dans le troisième chapitre de cet essai. 

Enfin, le troisième et le plus important résultat 
serait l’application du principe de la symbolique au 
plus symbolique de tous les livres , la Bible. 

Il nous paraît évident que si l’hébreu donne la rai- 
son des symboles de l’Égypte , et explique les em- 
blèmes qui furent les mêmes chez tous les anciens 
peuples , cette langue doit également renfermer l’ex- 
plication de ces images bibliques que le savant Lowth 


(1) Précis } p. 538 et 462-3, seconde édition. 


28 


PRINCIPE 


et toutes les syntaxes hébraïques s’efforcent en vain 
d’interpréter. 

Dans le quatrième chapitre , nous donnerons les 
preuves directes de l’emploi des homonymies par les 
écrivains sacrés, et le témoignage des hébraïsants 
viendra confirmer nos déductions. 

Il est nécessaire d’ajouter ici quelques remarques 
sur la manière dont nous procédons dans ces re- 
cherches : 

L’écriture égyptienne néglige les voyelles, elle 
s’identifie complètement, par ce lait, à l’écriture 
hébraïque sans points-voyelles. Telle est la première 
et la plus belle découverte de M.Champollion, décou- 
verte qui a servi de base à toutes les autres (1 ). Dans 
ces recherches , les points de l’écriture hébraïque ne 
peuvent donc être d’aucun usage , et seront par con- 
séquent omis. 

Mais ce n’est pas seulement à cause de cette 
identité entre l’écriture des Égyptiens et des Hébreux 
que nous reconnaissons la nécessité de négliger les 
points- voyelles dans les homonymies ; les hébraï- 
sants nous enseignent la même méthode dans la re- 
cherche des racines , puisqu’ils font dériver un mot 


(1) Champollion , Précis du système hiéroglyphique , seconde 
édition , p. 111. 


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DE LA SYMBOLIQUE. 


20 


il’un autre mot présentant les mêmes lettres , indé- 
pendamment de toutes les différences de pronon- 
ciation marquées par les points- voyelles ; ce moyen 
nous l’emploierons , comme il est employé à chaque 
page du dictionnaire de Gesenius. 

Ainsi l’homonymie doit s’établir sur le mot écrit, 
et non sur le mot prononcé; j’en appellerai encore 
au témoignage du célèbre Heinsius, qui, en inter- 
prétant un passage de l’Evangile de saint Jean, dit 
que l’écrivain sacré fait allusion au double sens d’un 
mot syriaque, bp cabbel et bp cebal , prononcé 
différemment , mais dont les lettres sont les mêmes. 
Nous reviendrons sur ce passage dans les applica- 
tions à la Bible (chap. IV). 

Cette méthode de négliger les points pouvant pa- 
raître arbitraire à quelques lecteurs , il est nécessaire 
de l’expliquer. 

A l'époque de l’invention de l’écriture, tous les 
mots écrits de même avaient probablement la même 
prononciation; plus tard, les langues éprouvèrent des 
révolutions, les différentes significations d’un même 
mot reçurent pour les distinguer une prononciation 
différente, qui porta sur les voyelles; et enfin, à 
l’époque où ces changements s’étendirent sur la 
majorité des mots de la langue hébraïque , on sentit 
la nécessité de recourir aux points-voyelles, inven- 



30 


PRINCIPE 


tion qui remonte, au plus haut, à Esdras. Des 
traces non moins évidentes de cette révolution de 
l'hébreu se manifestent dans les quiescentes , c’est-à- 
dire dans les anciennes voyelles , qui finirent par ne 
plus être prononcées, quoiqu’elles le fussentau temps 
de Moïse ; ainsi qu’il résulte de la concordance de 
plusieurs mots et de plusieurs noms propres, qui se 
retrouvent et dans la Bible et sur les monuments de 
l’Egypte , et dans les écrivains grecs. 

Dans le chapitre qui va suivre, nous donnons l’ex- 
plication de cinquante signes symboliques, ainsi 
qu’elle résulte des trois témoignages de ïhébteu, 
d’IIorapollon et des monuments ; il eût été facile d’aug- 
menter le nombre de ces exemples , mais il nous a 
semblé que la meilleure démonstration de la vérité de 
cette méthode serait, pour le lecteur, de faire de 
nouvelles découvertes. Ainsi nous avons négligé les 
signes qu’on peut considérer comme figuratifs : la 
fumée signifiant le feu, le bras désignant la force, l’é- 
chelle , l’assaut , etc. (clr. Ilorapollon). Ces significa- 
tions, que l’on retrouve également dans l’hébreu (1), 
ne sont cependant pas une preuve du caractère 

(1 ) jmj le bras > 1“ force; o'jp une échelle , et nS*7D l rs rem- 
parts dressés par les assiégeants , de la racine nho ou élever, 
dresser, comme en français échelle et escalader sont formas par la 
racine latine scala . 


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31 


DE LA SYMBOLIQUE. 

symbolique de cette langue , puisque ces images sont 
des tropes de la rhétorique de tous les peuples. 

Il est un assez grand nombre de symboles égyp- 
tiens dont je n’ai pas trouvé le nom hébreu ; ainsi , 
parmi les animaux, Vibis, Yoryx, le cygne , Y éléphant, 
le pélican , etc. , nommés par Horapollon , ne peu- 
vent trouver leur explication. 

Il existe aussi dans Horapollon , comme sur les 
anaglyphes ou tableaux symboliques, des mythes 
sacrés que la langue ne peut directement expliquer ; 
ainsi la fable du singe qui a deux petits : il porte 
l’un devant lui, il l’aime et il le tue; l’autre, qu’il 
porte derrière lui , il le hait et le nourrit (Horapol- 
lon, II, 66). 

Le singe cynocéphale était en Egypte, comme 
dans l’Inde, le symbole de la régénération (1), du 
passage de l’état animal à l’état d’homme, et du 
passage de la mort à la vie éternelle; c’est pour ce 
motif que lorsqu’il est assis il représente les deux 
équinoxes (Horap. I, 16), c’est-à-dire l’état d’é- 
quilibre entre la lumière et les ténèbres , entre le 
bien et le mal , la vérité ou l’erreur, ou entre la brute 
et l’homme; le Rituel funéraire représente le singe 
assis sur la balance du jugement des âmes. 


(1) Couleurs symboliques , p. 100. 


PRINCIPE 


54 

Le singe indiquait la révolution des âmes , qui 
parcourent le cercle des purifications avant d’entrer 
dans le champ de la vérité ; c’est ce que nous ap- 
prend également son nom hébreu *]p un singe , et 
former un cercle , achever une révolution. 

L’explication de ce mythe devient facile : l’enfant 
que le singe porte sur son sein, qu’il aime et qu’il 
tue, représente les bons sentiments , les actions ver- 
tueuses que l’on aime , que la conscience met tou- 
jours devant les yeux , et que cependant on tue dans 
son cœur; l’enfant que le singe porte sur le dos, 
qu’il hait et qu’il nourrit , symbolise les sentiments 
mauvais , les actions perverses, dont on doit inces- 
samment se détourner, qu’on hait dans sa con- 
science, et que l’on nourrit comme malgré soi (1). 
Ces explications, plu*; ou moins probables, je les 
négligerai , car elles ne se rattachent pas nécessaire- 
ment à ces recherches. 

En achevant ces préliminaires, je dois ajouter que 
quelques essais d’interprétation des monuments 
égyptiens par l’hébreu furent tentés , et ne condui- 
sirent à aucun résultat scientifique , sans doute parce 


(t) Saint Paul dit : « Je ne fais pas le bien que je voudrais faire ; 
« mais je fais le mal que je ne voudrais pas faire. » 

(Épître aux Romains, VII, 19.) 


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DE LA SYMBOLIQUE. 


53 


qu’ils se fondaient sur deux erreurs capitales : la 
première, que la langue de Moïse était celle des Pha- 
raons ; et la seconde, que les hiéroglyphes formaient 
une série de symboles. 

Le principe de la symbolique égyptienne posé par 
Horapollon, enseigné par Zoéga, est reconnu même 
par les auteurs qui s’appuient sur l’hébreu, comme 
Lacour de Bordeaux et Jannelli de Naples; il s’agis- 
sait d’en feire la triple application , à l’hébreu , à 
Horapollon et aux monuments de l’Égypte, et c’est, 
je crois, ce qui n’a jamais été fait. 

La symbolique étant la partie la plus mystérieuse 
des écritures égyptiennes , devait être la dernière 
découverte; il fallait d’abord connaître le système 
de l’écriture et la langue des Égyptiens avant de 
pouvoir pénétrer dans le sanctuaire. La science de- 
vait suivre la roule parcourue par les initiés de l’É- 
gypte; d’après Clément d’Alexandrie, ils appre- 
naient d’abord l’écriture épistolographique, puis 
l’hiératique, et enfin l’hiéroglyphique, contenant la 
symbolique. C’est ainsi que les travaux de MM. Sil- 
vestre de Sacy et Akerblad portèrent d’abord sur 
l’écriture épistolographique; que plus tard M. Cham- 
pollion déchiffra les écritures hiératique et hiérogly- 
phique , et qu’aujourd’hui il reste encore à retrou- 
ver les éléments de la symbolique égyptienne. Le 



7 >\ PRINCIPE DE LA SYMBOLIQUE. 

principe étant déjà connu et avoué par la science , la 
critique éclairée ne refusera pas sans doute de l’ap- 
pliquer à la langue hiéroglyphique, ainsi que le fait 
Salvolini ; et à l’hébreu , ainsi que je le propose dans 
cet essai. 


SYMBOLES DE L’ÉGYPTE. 


55 


CHAPITRE DEUXIÈME. 

APPLICATION AllX SYMBOLES DE L’ÉlîYPTE (1). 



. Al 

L’abeille était le symbole du peuple obéissant , 
parce que de tous les animaux , dit Ilorapollon , il 
est le seul qui ait un roi. (Horap. I. 62.) 

(1) Pour faciliter les recherches, les symboles ont été placés par 
ordre alphabétique. — Les dictionnaires cités sont , pour l'hébreu , 


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36 


SYMBOLES 


M. Champollion donne à l'abeille b signification de 
roi du peuple obéissant. (Cfr. Anim. Marcell. XVII. 4.) 

La table d’Abydos montre de nombreux exemples 
de l’emploi de ce signe, et confirme le sens qui lui 
est attribué. 

Le nom hébreu de Yabeille est fTYOI dbcre (Ge- 
scnius), ou H131 dbre (Guarin). 

“01 ddr signifie administrer , gouverner , mettre en 
ordre, conduire comme une troupe d’abeilles (1). 

La même racine 131 dur possède encore la signi- 
fication de discours, de parole . loyo; , de sentence , 
de précepte de sagesse ; c’est aussi le verbe parler . 
Enfin le nom même de l’abeille au pluriel féminin 
nrOI dbruth , signifie les paroles , les préceptes. 
(Gesenius.) 

L’abeille était le symbole de la royauté et celui de 
l’iruptrafion sacrée; le miel représentait l'initiation et 
les discours sages. ( Des couleurs symboliques, pag. 83.) 

L’abeille était consacrée aux rois d’Egypte, et les 
désignait sur les monuments, non seulement à cause 


■ceux de Gesenius, 4833; Rosenmûller, Vocal), à la suite de 
la Fiijile de Simon, Haie, 1 822 ; Moser, Guarin, et le Thésaurus de 
Rohertson ; pour le copte, le Lexicon de Peyron. 

(4 ) Cet insecte fut nommé TOT , dit Moser, à cause de son ad- 
mirable gouvernement ; ce fut plutôt , selon nous, l’art de gouverner 
qui emprunta son nom à l’abeille. (Cfr. Borhart, Hieror.. II. 502.) 


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DE L’ÉGYPTE. 


37 


du rapport que le gouvernement de ce peuple pou- 
vait avoir avec celui des abeilles , mais aussi parce 
que les rois étaient initié*, et qu’ils gouvernaient 
par l’ inspiration sacrée, car ils étaient prêtres. 

ANE. 

U 

Les Égyptiens représentaient V homme qui n'est ja- 
mais sorti de son pays par l’onocéphale (tête d’âne). 
(Horapollon, I. 23.) 

La langue hébraïque donne la raison de ce sym- 
bole, puisque TJ? oin, l’dnon, signifie encore une ville, 
une enceinte. (Gesenius.) 

L’autre nom de l’âne , IW iiemcr ou hemr “DTI, 
se forme du mot HDTI heme, entourer d'un mur, et 
HDTI hevme, le mur d'enceinte d’une ville. Ces syno- 
nymes hébreux reproduisant les mêmes homony- 
mies, offrent la démonstration de la vérité de notre 
système. 

L’âne était consacré à Typhon, le génie du mal , 
représenté de couleur rousse (Couleurs symboliques, 
p. 257) , et le nom de l’dne "1DTI hem R signifie rougir, 


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38 


SYMBOLES 


s'enflammer (1); la racine de ce mot est Dn hem 
(Cham), nom propre de l’Égypte d’après l’hébreu 
et les monuments (voyez l’article Crocodile). Ce nom 
avait encore, d’après Plutarque, la signification de 
noirceur et de chaleur, DTI hecm signifie noir (Plu- 
tarch. De lsid. Gesenius) ; il forme le mot DDTI iiems, 
la violence , Y injure , la rapine. 

L’âne était le symbole de l’ignorance unie à la 
méchanceté ou à la bonté , "Ol iiemr , Y âne roux , re- 
présentait l’ignorance mauvaise ; Yânesse blanche 
(Jud. V. 10) était l’emblème de l’ignorance unie à 
la bonté et à la candeur, mn¥. 

Cette ignorance bonne ou mauvaise était celle des 
profanes. L’âne représentait le peuple stupide de 
l'Egypte, Dn Cham, qui matériellement ne sortait 
pas de la circonscription de ses bourgades; et qui 
moralement , enfermé dans les liens de l’erreur et 
des préjugés, n’arrivait jamais à la connaissance des 
mystères révélés dans l’initiation. 

L’ânesse blanche représentait l’homme qui ne pos- 
sédait point encore les connaissances spirituelles, 
mais qui pouvait les acquérir; le conte d’Apulée dé- 
veloppe ce mythe de la manière la plus ingénieuse : 


(1) De même *vy , Y âne et la ville, signifie de plus * enflammer-, 
Y ardeur de la colère , et un ennemi (Gesenius). 


DE L’ÉGYPTE. 39 

i’homine dont les affections et les idées sont étroite- 
ment enfermées dans la vie matérielle , est métamor- 
phosé sous la figure d’un âne ; il voyage long-temps, 
arrive en Égypte , où il recouvre la forme humaine 
en recevant l'initiation. L’âne de Silène, qui portait 
le breuvage d’éternelle jeunesse , le troqua contre 
quelques gorgées d’eau (Noël, Dict. de la Fable), 
emblème du profane qui préfère les connaissances 
du monde extérieur à ces sources d’eau vive qui ne 
tarissent jamais. 

M. Lenormant , dans ses Recherches sur Ilora- 
pollon, dit que le livre de ce hiérogrammate porte des 

marques d’interpolations, et que l’onocéphale est de 

% 

l’invention du traducteur grec Philippe : On n'a pas 
que je sache , dit-il , retrouvé la tête d’âne parmi les hié- 
roglyphes : mais des Égyptiens voyageurs ! des hommes 
ridiculisés dans celte contrée pour ne l’avoir jamais quit- 
tée ! évidemment ce sont là des idées aussi contraires que 
possible à l’esprit de l’antique Égypte (Lenormant, 
Recherches sur Horapollon, p. 10). 

Les Égyptiens avaient en effet la plus grande hor- 
reur pour les étrangers , les hiéroglyphes en sont le 
témoignage irrécusable (voyez Salvolini, Campag.de 
Rhamsès,p. 15; et Chanipollion , Gramm. égypt, 
p. 138). Mais Horapollon ne dit pas que l’onocé- 
phale fût le symbole de ühommequi n était pas sorti 


■10 


SYMBOLES 


de l’Égypte, mais de celui qui n’avait pas quitté son 
pays natal, sa ville ou son nome : Avôpu r.ov nSt narpife 

* f «i d-xo&r.uïtjavxx . 

Si on n'avait point encore reconnu la tête d’âne 
parmi les hiéroglyphes , on retrouverait cet animal 
dans l’hébreu avec la signification qui lui est assi- 
gnée par Horapollon , et dans notre système cette 
preuve serait déjà convaincante ; mais la figure de 
l’âne était empreinte sur les gâteaux offerts à Ty- 
phon , le génie du mal et des ténèbres ; enfin , sur 
les hiéroglyphes, cet animal est une des formes de 
Seth ou Typhon , dont M. Champollion donne le 
dessin , p. 120 de sa Grammaire. 

Typhon était quelquefois représenté avec la tête 
d’âne , ainsi que le prouve la vignette suivante , 



gravée d’après le manuscrit de Leydc , publié par 


DigltïzêcTBy Google 


DE L’ÉGYPTE. 

M. Leemans (1). Ce personnage, qui porte sur la 
poitrine le nom de Seth , et sur la légende celui de 
l’dne sut, nous paraît devoir se rapporter à Yonoci- 
phale d’Horapollon. 


BOUCHE. 



La bouche est, dans les textes hiéroglyphiques, le 
déterminatif et le symbole de la porte (Grammaire 
égypt, p. 80 et 205); elle désigne de plus l’idée de 
part , portion , fraction , et celle de chapitre ( Idem , 
p. 243). 

Le mot hébreu HD pe signifie la bouche , la porte . 
une part, une portion. 

En copte nous retrouvons , po bouche , porte , cha- 
pitre , portion ; >2 bouche , porte. 


(1) Leemans, Monuments égyptiens de Leyde,p. 15 et 16; et 
Lettre k M. Salvolini , p. 5. 



42 


SYMBOLES 


BOUQUET DE ROSEAU. 

JA 

M. Champollion dit dans sa Grammaire (p. 128), 
que les noms de femmes, autres que les reines égyptiennes, 
sont terminés ou accompagnés par un bouquet de /leurs. 

Ce bouquet est formé par des fleurs de papyrus ; 
TOX a n f, , le papyrus, le roseau , forme le mot rOUX 
aebe, la femme aimée, DHX aeb, l’amour. 

Le bouquet de papyrus est encore le déterminatil 
générique de tous les noms de plantes , d'herbes , de 
/leurs (Gramm. égypt. p. 88). 

3X ab, la verdure, l’herbe, est la racine de !"OX abe , 
le papyrus. 


CIIËVRE. 

Û 

La chèvre était le symbole de La finesse de l’ouïe 
(Horapol. IL 68). 

ÎJ? oz, une chèvre, et |ÎX azn, une oreille ; les lettres 
5? o et X a se confondent souvent en hébreu, d’après 


Uiqitizea ôy Guuglc 



DE L’ÉGYPTE. 


43 


Gesenius; ce célèbre hébraïsant donne spécialement 
la racine pj? ozn , comme devant être la même que 
pN àzn (Lex. p. 752). 

Conférez l’article Oreille. 

CIGOGNE. 

Les Egyptiens représentaient la piété liliale par la 
cigogne , parce que , dit Ilorapollon , après avoir été 
nourrie par ses parents, elle ne se sépare pas d’eux, 
mais leur donne ses soins jusqu’à leur dernière vieil- 
lesse (Ilorap. II. 58). 

iTPDn heside , la cigogne , la pieuse , la reconnais- 
sante (Gesenius). 

CORBEILLE TRESSEE. 


D’après l’inscription de Rosette, la corlieille ex- 
primait symboliquement l’idée maître ou seigneur; 
sur les monuments peints, cette corbeille paraît 
tressée en joncs de couleurs variées ( Champollion , 
Gramm. égypt. p. 26-27). 

M. Champollion donne également à ce signe les 
significations de l’idée tout ( Gramm. p. 279 et 
patsim). 



SYMBOLES 


44 

DibD kli'b, une corbeille tressée de joncs (Gesenius), 
vient de la racine bD kl tout , et bbD kll couronner. 

Cette corbeille est le «an sacré, qui était également 
tressé en osier (Rolle, Culte de Bacchus, I. 29). 

îTOD kbre , un t a» , forme TDD kbir, puissant , 
grand ; HDJ rpe , un van . forme D’b’DJ npilim , les 
hommes puissants , les héros , les seigneurs , les Titans. 

Ainsi tous les synonymes du mot van ou corbeille 
reproduisent les mêmes homonymies. Le mot HDO 
npe , la corbeille , le crible , se retrouve dans l’égyp- 
tien «6 la corbeille, qui forme seigneur, et SU&Y 
tout. 

Le van devint le symbole de l’idée maître ou sei- 
gneur, parce qu’il était celui de la purification des 
âmes. 

« Les initiations appelées Teletès , dit M. Rolle 
<■ (Ibid. p. 30), étant le commencement d’une vie 
« meilleure, et devant en être la perfection, ne pou- 
« vaient avoir lieu sans que l’âme fût purifiée; le van 
« avait été reçu comme symbole de cette purification, 
» parce que les mystères purgeaient les âmes de 
« toute souillure, comme les vans purgent les 
« grains. » 

Ainsi Jean Baptiste dit du Messie, qu’il a le van 
dans sa main et qu’il purgera son aire (Luc. III. 1 7). 


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DE L’ÉGYPTE. 


•4M 


CORNEILLE. 

L'union conjugale était représentée, d'après Hora- 
pollon, par deux corneilles (Horap. IL 40), et le 
mot orb signifie un corbeau,- une corneille , et 
s’unir conjugalement (Gesenius). 

orb est encore le nom du coucher du soleil , 
et de l'ombre des ténèbres ; dans la cosmogonie égyp- 
tienne, la nuit était la mère du monde, c'est à cause 
de cela que les mariages, chez les Athéniens, étaient 
célébrés pendant la nuit (Couleurs symboliques , 
p. 172). 

L'homme qui avait vécu un âge suffisant était re- 
présenté par une corneille morte; cet oiseau, ajoute 
Horapollon, vit cent ans (II. 89). Le nom de la cor- 
neille orb , désigne le coucher du soleil , symbole 

, de la fin naturelle de toute période ; la corneille 
morte , c'est le soleil couché. 

CORNES. 



Les cornes sont, sur les monuments, le signe de 
l’idée rayonner, resplendir, briller, parce que, dit 

9 


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SYMBOLES 


4G 

M. Champollion , les peuples orientaux trouvaient 
une analogie marquée entre les cornes et les rayons 
du soleil (Gramm. égypl. p. 359 et 360). 

Le célèbre égyptologue avait sans doute présentes 
à l’esprit, en écrivant ces lignes, les significations du 
mot hébreu pp qrn , qui signifie une corne , et rayon- 
ner, resplendir, briller; carie mot copte trtt, une 
corne , n’a pas la signification de briller, et le mot 
signifie, au contraire , cacher, couvrir, et une 

corne. 

CRÈCHE. 


« Le nom hiéroglyphique de la ville de Thèbes a 
« pour symbole déterminatif un quart de cercle, 
« dont la partie courbe se présente dans un sens 
« opposé à la direction de l’écriture. Long-temps on 
« dut chercher l’explication de ce symbole , quand 
t enfin la flottille qui portait l’expédition scientifique 
« de Champollion, en faisant voile vers la Nubie, 
« aperçut sur la rive une suite de hautes man- 
« geoires formées d’un torchis de paille et de limon, 
« lesquelles présentaient sur le profil le demi-cercle 
« du symbole affecté au nom de Thèbes. Ces crèches 



»* 


DE L’ÉGYPTE. 47 

* étaient destinées à de grands troupeaux de bœufs ; 
« on se souvint alors que, dans les textes richement 
c développés, on voyait souvent un taureau placé 
t devant le symbole de la ville de Thèbes , on re- 
c connut dès lors une crèche dans ce symbole , em- 
< preinte naïve de la simplicité qui avait présidé aux 
« premières combinaisons graphiques des Égyp- 
« tiens. » (Lenormant, Recherches sur llorapol- 
lon, p. 26.) 

Thèbes était la ville consacrée à Amon , le dieu de 
la lumière, le verbe divin (Couleurs symboliques, 
70-71) ; le nom hébreu de Thèbes est celui d’^mon, 
pONÎÜ, La crèche fut consacrée à Amon-Ra , le 
dieu lumière , parce que le nom de la crèche était en 
même temps celui de la lumière. 

rvnvt AiiRLTH ou nins arccth, une crèche, une éta- 
ble , est le pluriel féminin de iTÏIN acre , la lumière , 
acr, le soleil, la lumière, la révélation. 


CROCODILE. 



Plutarque dit que le crocodile était consacré à 
Typhon. (Is. et Osir. cap. L.) 


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48 


SYMBOLES 


D’après Diodore de Sicile, cet animal exprimait 
dans les hiéroglyphes toute espèce de malice , de 
méchanceté (III. 4 , p. 176 , éd. Wessel). 

Ilorapollon lui attribue la signification de rapa- 
cité, de fureur (I. 67); il désignait encore l’occi- 
dent (I. 69) ; la queue de crocodile était le symbole 
des ténèbres (I. 70); ses yeux représentaient l’o- 
rient (I. 68). 

Le nom du crocodile me paraît avoir été DDTI hemt, 
mot que la version des Septante traduit par oaûpa , 
et les lexicographes par lézard ; ce nom désigne toute 
la famille des sauriens , et spécialement le crocodile 
égyptien. Le même mot désignait en Égypte le lé- 
zard et le crocodile , puisque Ilorapollon dit que le 
crocodile était le symbole de la fécondité (I. 69), 
idée représentée sur les monuments par le lézard 
(Champ. Gramm. p. 317). 

Le mot i-Cn hemt, crocodile ou lézard , est formé 
par la racine Dn hem, la chaleur décorante, HDTI heme, 
l' incandescence , la fureur, le poison. Les mots formés 
par cette racine donnent l'histoire du mythe de Ty- 
phon , génie du mal , symbolisé par le crocodile , 
d’après Plutarque. 

Et d’abord, nous trouvons le nom de l’dne consacré 
également à Typhon ;"fiDn hemcr ou “OTI iiemr, l’dne. 

I,e nom de la couleur rousse attribuée à Typhon 


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DE L'ÉGYPTE. 


49 

(Couleurs symboliques , 257) est DTInEiM, la cou- 
leur noire, la couleur brûlée ; pOTI hemcts ou j’QTI hemts, 
le rouge, le tanné, et V oppresseur, le violent (voyez l’ar- 
ticle de la Couleur rousse). 

Le mot DDTI hms signifie la violence , Vinjure , la rapine , 
et répond aux significations données au crocodile par 
Horapollon , et au nom égyptien de cet animal 

— rll L nDD MSH (1). 

Les monuments confirment le sens que lui at- 
tribuent ici le hiérogrammate égyptien et les ho- 
monymies hébraïques. Un des chapitres du Rituel 
funéraire se rapporte au combat du défunt contre 
le crocodile, c’est-à-dire contre ses passions mau- 
vaises ; il le tue avec le sceptre à tête de coucoupha, 
emblème connu des bonnes affections. 

Le crocodile , DDTI hemt, est un animal immonde 
dans le Lévitique, comme dans la religion égyp- 
tienne. 

Horapollon ajoute que le crocodile était le symbole 
de la fécondité (I. 69) , et le mot Dn hem présente 
les idées de parenté, de mariage; le mot grec yàpa, 
mariage , dérive , d’après Gesenius , de 011 ; nous ve- 

(t) Dans le copte, nous retrouvons oC£- crocodilus , 
MECTE °ûio habere. Cfr. Gramm. égvpt. p. 384. 



SYMBOLES 


50 • 

nons de dire que sur les monuments le lézard était 
le symbole de la fécondité. 

D’après Clément d’Alexandrie (Stromal. V. 7), 
le crocodile figurait le temps ; le Saturne égyptien 
est coilfé d’une tète de crocodile, et le mot pOPI iiemq 
signifie faire un cercle, tourner autour ; ce mot se rap- 
porte à la course du soleil , puisque PIDn iieme si- 
gnifie le soleil , et qu’en hébreu le nom propre du 
temps signifie tourner, JSN , vpn, et forme fDIN ai pn, une 
roue (Gesenius). 

D'après M. Champollion, le lézard était consacré 
à Bouto, divinité des ténèbres primordiales (Notice 
du Musée Charles X, p. 42) ; d’après Horapollon, la 
queue de crocodile était le symbole des ténèbres 
(I. 70) , et le mot DTI iieum signifie la couleur noire, la 
couleur des ténèbres. 

Le nom de l’Êgypte, d’après Plutarque (De Is. et 
Osir.) , signifiait la noirceur et b chaleur; DPI hem , la 
chaleur, et DTI iieim, la noirceur, sont une même ra- 
cine qui forme le nom du crocodile DDTI hemt; le 
nom de l’Égypte conservé par la Bible est en effet 
DPI iiem , et ce mot est écrit sur l’obélisque de Paris 
par la queue de crocodile et le nycticorax, qui phonéti- 
quement forment le mot DPI iiem (1). 

; 1 Salvolini , Traduct. de l’Obélisque, p. 10. Akerlilad, Lollrc 
à M. de Sacv. p. 57. Cfr. (tescniiis, vcrlw on 


\ 


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DR L’ÉGYPTE. 


51 


La signification du nom de l’Égypte se retrouve 
flans le copte k&we not'r. (Champ. Gram. p. 320.) 

Pourquoi les Égyptiens donnèrent-ils à leur pays 
un nom réprouvé , composé du symbole des ténè- 
bres , le crocodile , et du symbole de La mort , le 
nycticorax? (Horapol. I. 70.11. 25.) La réponse est 
facile; l’Égypte avait trois noms : l’un, symbolisé 
par le lis, désignait la haute Égypte; l’autre, re- 
présenté par le papyrus, la basse Égypte. Ces deux 
noms répondent aux mots hébreux DÎT© pthrus , 
la haute Egypte, et 1TfD miser, la basse Egypte ; le 
premier indiquait la région des interprètes et de la 
religion , et le second la terre de l’agriculture et de 
la civilisation , ainsi qu’ils seront expliqués à l’ar- 
ticle Lis. (Cfr. l’art. Vautour.) 

Le troisième nom , Qn hem ou Cham , désignait le 
peuple des profanes , ou des hommes morts qui 
croupissent dans les ténèbres de l’ignorance. (Cfr. 
l’art. dn«.) 

Le dieu de la lumière Horus est quelquefois re- 
présenté sous la forme d’un crocodile, avec la tête 
d ’épervier, surmontée des cornes et du disque so- 
laire (Champ. Gramm. p. 120). Ceci confirme ce 
qu’établit Horapollon , que les yeux du crocodile repré- 
sentaient l’orient, et sa queue les ténèbres (1.68. 70). 

La Bible dit : Le vieillard et l'homme dans les hon- 



sa 


symboi.es 


neurs forment la tête ; mais le prophète docteur du men 
songe est la queue (Isaïe. IX. 13. 14). 


DOIGT. 

J 


« Un doigt désigne l'estomac de l'homme. » (Iïorap. 
II. 6.) « Voici, dit M. Lenormant, ce qu’on lit dans 
« les versions latine et française dllorapollon ; mais 
« il s’en faut que l’auteur grec ail eu une si burles- 

* que et inexplicable pensée : seulement il a fait 
« usage d’une expression latine que scs interprètes 
« n’ont pas comprise; ax Spa^ov, chez le traducteur 
« Philippe, veut dire, comme en latin,' la colère. 

* Le doigt , dit-il , indique la colère de l'homme ; c’est le 

* doigt de Dieu dans l’Ecriture. Je pense que l’emploi 
« de ce signe se trouve fréquemment dans les textes 
« hiéroglyphiques : mais l’espace me manque pour 
« donner à mon opinion le développement néces- 
t saire. » (Lenormant, Recherches sur Horapollon , 

p. 22.) 

Le mot hébreu atsbo signifie un doigt , et 
métaphoriquement la puissance, le courage (Guarin , 
Gesenius); NIH D^n^N là est le doigt de Dieu. 


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DE L'ÉGYPTE. 


53 


EAU. 


/WWA 

/VWM 

AWM 

Dans la cosmogonie égyptienne , comme dans la 
Genèse de Moïse , le monde fut créé au sein des 
eaux; cette doctrine, dit M. Champollion, fut pro- 
fessée en Egypte dans les temps même les plus 
reculés (Panthéon égyptien, Cnouphis-Nilus). L’eau 
fut la mère du monde, la matrice de tous les êtres créés, 
et le mot "OEfD mschbr signifie la matrice et les flots, 

unyao. 

L’homme était considéré comme une image du 
monde , l’initié devait renaître à une vie nouvelle, et 
le baptême dès lors symbolisait les eaux primor- 
diales ; c’est pour ce motif que l’initié était nommé 
TWQ mscue, Moïse, mot qui en égyptien, d’après 
l'historien Joseph (Antiq. IL 9. § 6), signiliqjt sauvé 
de l'eau ou par l’eau , c’est ce que désigne l’hébreu 
rroo mschhee, V onction, et nttfD msche, sauver. 

En poussant plus loin ces recherches philolo- 
giques, il serait facile de remarquer que le mot 
"OŒO , La matrice et le flot , se compose de celui de 


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54 


t- 


SYMBOLES 

l’initié ÎTÏ7D, et du nom môme de la création N“Q 
bra, il créa, premier mot de la Genèse; de plus, ”13 
br signifie un (ils, un enfant et la pureté, parce que La 
cosmogonie devint le symbole de la naissance spiri- 
tuelle ou de la régénération ; d’après Ilorapollon , 
l’eau était le symbole de la pureté (I. 43) , et elle dési- 
gnait la naissance des purs ou des initiés , ainsi que 
nous l'établirons à l’article Rosée. 


EPERVIER. 



P nts, Yépervier, forme le mot ntshe, l’éternité, 
la splendeur ; d’après Ilorapollon , cet oiseau symbo- 
lisait la divinité , à cause de sa longue vie, ainsi que 
le soleil, qu’il fixe de ses regards (Horap. I. 6). Sur les 
monuments, l’épervier est le signe de l’idée Dieu. 
(Champ. Grarnm. égypt. p. 118.) 

U représentait la sublimité et Vhumililé , ajoute le 
hiérogrammate égyptien , parce qu’il dirige son 
vol en ligne directe^en haut et en bas, PTM ntse, 
voler (Gescnius). 





DK L’ÉGYPTE. 


55 


Il était le symbole du sang , parce qu’il ne boit 
point d’eau mais du sang; de la victoire , parce qu’il 
soumet tous les autres oiseaux (Horapoll. I. 6. 7). 
îTW ntse, tirer l'épée /ravager par la guerre ; n^NTSHE 
(cliald.), vaincre. 

Horapollon dit encore que l’épervier, déployant 
ses ailes dans l’air, représentait le vent, comme si le 
vent avait des ailes (Horap. IL 1 5). 

Il résulte de ce passage que lepervier et l’aile, ou 
l’action de voler, étaient synonymes dans la langue 
sacrée de l’Égypte ; et c’est aussi ce que fait enten- 
dre Diodore de Sicile en disant que cet oiseau re- 
présentait tout ce qui se fait avec célérité, parce 
qu’il surpasse tous les autres par la rapidité de son 
vol. (Diod. Sicul. III. 4. p. 145. ed. Rhodom.) 

nts, Yépervier, forme H^ntse, voler, H^nutse, 
Y aile, la plume, nets , fuir, s* enfuir (Gesenius). 
Cfr. l’Essai sur les Hiéroglyphes, par M. Lacour, 
p. xxx.) 


M. Lepsius, dans sa Let#e à M. Rosellini (An- 
nales, IX. 77 et suiv.), établit que le nom du nez 


FACE. 



S6 


SYMBOLES 


dans le dialecte sacré était qm, mot dont la langue 
copte n’a conservé aucune trace ; ce nom est déter- 
miné par la ligure d’un museau de veau. 

Le nez et son nom sont employés dans les titres 
de ces divinités avec la signification de résidant 
dans (1). 

Dans la langue sacrée , le nom du nez ou plutôt 
celui de la face, ainsi que le prouve une variante que 
nous donnons ici d’après la Grammaire égyptienne 
( p. 92) , devait par conséquent exprimer l’idée rési- 
dant dans. 

Le nom égyptien qm , transcrit en caractères hé- 
braïques, donne le mot rUD pkth ou phnth, dont 
nous retrouvons la racine dans le mol hébreu CjD 
pnim. qui signifie la face , la figure, faciès, vultus, et 
e n même temps ce qui est intérieur, au-dedans, intus, 
intro ( Rosenmüller), ’&iS l’intérieur , interior (Ge- 
senius). 

Le nom du nez en hébreu ïjN ap, vient, d’après 
Gesenius, de *pX asp, la face, respirer par le nez, ra- 
cine que nous retrouvons également dans D'JDpnim, 
la face, la figure. 

Les différents membres du bœuf, du taureau ou du 

(1) Le psi iis, Annales, A,- 77 et suiv. ; Salvolini. Analyse, 
p. *49. 


DE L’ÉGYPTE. 


57 


veau, servent dans la Grammaire égyptienne de dé- 
terminatifs pour désigner ces membres en général; 
M. Champollion, dans sa Grammaire, et Salvolini, 
Campagne de Rhamsès,90,en ontfait la remarque. Le 
motif est-il que le taureau était le symbole de la 
puissance (voyez l’article Taureau) , et que, par con- 
séquent, l’oreille de cet animal désignait la puissance 
de l’ouïe, comme le nez la puissance d’être intérieure - 
ment ou de résider ? 

FÈVE. 

Au rapport d’IIérodote, la fève était considérée 
par les Egyptiens comme un légume impur; les 
prêtres n’en pouvaient même supporter la vue (Eu- 
terp. lib. Il, cap. 37). On connaît aussi l’aversion 
des disciples de Pythagore pour ce symbole des 
choses immondes. 

L’hébreu explique cette horreur pour la fève; le 
nom de ce légume est le même que celui des peuples 
nomades, qui étaient en abomination aux yeux des 
Égyptiens (1). Dans la Genèse, Joseph dit à ses 
frères : Les Égyptiens regardent comme abominables les 
bergers de brebis (Genèse, XLVI. 34). 

(1) La seule différence est que la fève est du genre féminin, et le 
peuple nomade du genre masculin. 


SYMBOLES 


38 

mj gré , la fève. 

□'"U GitiM , les pa-sleiirs nomades. 

Le nom de la fève mji gre signifie la rumination , 
et indique que ce légume était employé pour la nour- 
riture des troupeaux. 

Les pasteurs nomades étaient, par un terme de 
mépris, nommés les mangeurs de fèves, parce que 
toute leur existence reposait sur les troupeaux. 

La fève donna son nom aux tribus errantes, elle 
reçut d’elles la signification d’impureté et d’abomi- 
nation ; c’est encore ce que prouve l’hébreu, puisque 
rru gre, la fève, signifie de plus entrer en fureur, faire 
la guerre. 

Mais comment les Hébreux, qui étaient nomades, 
donnèrent-ils à ces peuplades vagabondes un nom 
qui caractérisait la haine et le mépris? On ne peut 
lever cette difficulté qu’en supposant que la langue 
hébraïque reçut sa forme primitive d’un peuple qui 
n’était point nomade. La lutte des peuples civilisés 
et des hordes barbares se retrouve avec plus d’éner- 
gie dans les traditions iraniennes que dans celles de 
l’Egypte. 

FlOU 1ER. 

llorapollon dit que les Égyptiens représentaient 
I llumine corrigé de son incontinence par un taureau 



DE L’ÉGYPTE. 


89 


lié à un figuier sauvage, parte que le taureau, dans 
sa fureur lascive, s’apaise si on le lie à cet arbre. 
(II. 77.) 

Le taureau était le symbole de h fécondité et de 
la puissance virile , dviptïov (Horap. I. 46). Son nom 
hébreu "1D rit forme le verbe JT© pre, être fécond. 
(Voyez l’article Taureau.) 

Le nom du figuier îtSXn thane signifie de plus 
l’acte conjugal, coitum. 

Le signe du taureau lié à celui du figuier repré- 
sentait l’homme corrigé de son incontinence, parce 
que, dit Horapollon dans un autre chapitre, le tau- 
reau devient continent par le fait même de l’incon- 
tinence : Calidissimum enim est animal sed et tem- 

pérons est . propterea quod numquam feminam ineat post 
conceptum. (I. 46.) 

Les prêtres égyptiens ne voulaient-ils pas dire 
par là que l’homme , symbolisé par le taureau , ne 
devient continent que lorsqu’il est enchaîné par le 
mariage, représenté par le figuier'/ 

Aucun monument égyptien, que je sache du 
moins, ne représente un taureau lié à un figuier. Il 
est probable que ce passage d’Ilorapollon se rap- 
porte à un proverbe ou dicton populaire emprunté 
à la langue sacrée. 



r>o 


SYMBOLES 


FOURMI. 

Les Egyptiens représentaient la connaissance, ou 
l 'intelligence, yjûau, par la fourmi, parcequ’elle trouve 
tout ce que l’homme cache avec soin ; un autre mo- 
tif, ajoute Horapollon, c’est qu’à l’exception des 
autres animaux, lorsqu’elle amasse des provisions 
pour l’hiver, elle ne se trompe point de lieu, mais y 
arrive toujours sans erreur. (Uorap. I. 52.) 

La fourmi est ici présentée comme un symbole de 
l’initiation , ou de l'initié qui parvient à La connais- 
sance de ce que les prêtres cachent au vulgaire. 

Le nom de la fourmi rÔOJ nmle est formé par le 
verbe ism , qui signifie circoncire. 

Hérodote (II, 36 et 1 04), Diodore de Sicile (III, 32 
infme, Wessel, p. 198), et Philon (lib. YUpi eiriTspjç), 
nous apprennent que les initiés aux mystères, qui 
étaient instruits des doctrines secrètes des prêtres 
égyptiens, étaient circoncis ; le cynocéphale repré- 
sentait le sacerdoce, d’après Horapollon, parce qu’il 
est naturellement circoncis (llorap. I. 14. Leemans, 
Adnot, p. 204). 

Le peuple juif fut initié aux mystères de la vraie 
religion, et tous les Israélites devaient être cir- 
concis. 


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OE L'ÉGYPTE. 


fil 


La labié des Myrmidons, ou des fourmis changées 
en hommes, signifie que les profanes qui acquièrent 
la connaissance des mystères, que les circoncis ou les 
fourmis, deviennent de véritables hommes. 

Le rapport matériel entre la fourmi et la circon- 
cision est que la fourmi, d’après les anciens, coupe 
la sommité des épis pour en faire sortir le grain ; 
elle les circoncit, d’après l’expression hébraïque (Bo- 
chart, Hierozoïcon, II, p. 587 et seqq. ; Job, c. XXIV, 
vers. 24). 

La signification symbolique donnée à la fourmi 
par Horapollon est consacrée par les Proverbes de 
Salomon : Il est quatre choses les plus petites de la terre, 
tnais sages entre les choses sages ; les fourmis, peuple dé- 
bile qui prépare ses approvisionnements en été , etc. 
(Prov. XXX. 24.) 

GRENOUILLE. 



La grenouille, d’après Horapollon (I. 25), repré- 
sentait l’homme non formé. 

M. Champollion nomme la grenouille V emblème de 


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< 


li2 SYMBOLES 

la matière première , humide et informe (1) ; ce qui dé- 
montre la vérité de cette interprétation est que l’i- 
mage de l’Hercule démiurge est gravée sur la base 
d’une représentation de cet animal (2). 

Ce symbole est un de ceux qui démontrent de la 
manière la moins équivoque l’identité de la cosmo- 
gonie égyptienne et de l’initiation, puisque d’une 
part, d’après les monuments décrits par M. Cham- 
pollion, la grenouille représente le chaos ou la ma- 
tière première, humide et informe, et que de l’autre, 
d’après Horapollon, la grenouille est le symbole de 
Y homme non formé. 

Le monde naquit au sein des eaux, d’après la doc- 
trine égyptienne (voyez l’article Eau) , comme dans 
la Genèse de Moïse ; ainsi le profane est comparé à la 
matière première, humide et informe, sur laquelle 
l’esprit n’a pas encore plané, et qui renaît sous les 
eaux baptismales. (Conférez Couleurs symboliques, 
p. 169.) 

Le nom hébreu de la grenouille JTTIDÏ tsprdo , se 
compose de ”©¥ tspr, se tourner, se convertir, dans 
le sens physique comme dans le sens moral ; ce 
verbe s’applique à l’homme timide et méticuleux 


(1) ChampolHon, Notice du Mtiscc Charles X, p. ilt. 

(2) Champ, iliid. 


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de l’Egypte. 


or> 


qui moralement se tourne et retourne de tous eûtes 
(Gesenius). La seconde racine du nom de la gre- 
nouille est JH no , qui signitie la science , la connais- 
sance , la sagesse. 

Ainsi la grenouille représente l’homme qui com- 
mence à se convertir vers la sagesse ; elle symbolise 
le néophyte qui n’est pas encore formé spirituelle- 
ment, mais qui va ou qui peut l’être. Ce symbole 
marque l’état d'indécision du myste qui peut ac- 
quérir une vie nouvelle, ou se replonger dans le 
néant; c’est ce qu’exprime Horapollon lorsqu’il dit 
dans un autre chapitre (II. 101), que la grenouille 
désigne l’homme impudent, au regard effronté; cet 
animal représente alors le profane qui combat con- 
tre la sagesse. Nous retrouvons cette seconde signi- 
fication dans le mot hébreu, puisque tspr signi- 
fie encore déchirer avec les ongles, et 5H no, la sagesse ; 
ainsi la grenouille est de plus le symbole du profane 
éhonté, qui par ses faux raisonnements prétend 
détruire la sagesse ; c’est dans ce sens que l’Apoca- 
lypse parle de trois esprits impurs semblables à des 
grenouilles (XVI. 13) , et que l’Exode dit que Aaron 
étendit la main sur les eaux de l'Égypte, et que la 
grenouille monta et couvrit la terre. (Exod. VIII. 
1 à 10; Ps. LXXVIII.45.CV. 30.) 

Le hiérogrammate égyptien ajoute plus loin (II. 


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SYMBOLES 


6-4 

102) , que l’homme qui est resté long-temps sans se 
mouvoir, et qui plus tard peut marcher, était sym- 
bolisé par une grenouille ayant ses pattes posté- 
rieures, parce quelle naît sans pattes. 

L’homme qui ne pouvait se mouvoir et qui marche 
est encore l’homme qui se régénère , car en hébreu 
rw sont iie signifie marcher et méditer (Rosenmüller), 
et •fin elk marcher et vivre : D’OTl "jbn celui qui mar- 
che dans la justice (Ps. XV. 2). 

HACHE. 

r.r 


Ce signe, qui représente certainement une hache , 
ainsi que l’explique M. Champollion dans sa Gram- 
maire , p. 5 et 1 10 , et qu’on en voit la preuve dans 
la Description de l’Egypte et dans Wilkinson ( Man - 
tiers of the Egyplians , I. 323), est le signe de l’idée 
Dieu. 

Son nom égyptien se compose de la hache, du 
segment de sphère et de la bouche ; ce qui donne , 
d’après l’alphabet de M. Champollion , le mot 
TU ndr , qui en hébreu signifie un voeu , une chose 


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65 




A 


DE L’ÉGYPTE. 

vouée, consacrée. Ces différentes acceptions s’appli- 
quent aux images consacrées des divinités et aux 
temples. 

La racine de ce nom de la consécration T1J ndr est 
mi nde, séparer, parce que les choses vouées ou con- 
sacrées étaient séparées des autres ; la hache était 
le signe de l’idée séparer, aussi le motlTU nmie si- 
gnifie spécialement frapper avec la hache (Deut. XX. 
19. Gesenius) (1). 

M. Salvolini cherche la raison de ce symbole dans 
le mot -itp (Analyse, p. 230), je ferai seulement 
observer que notre groupe forme, d’après M. Lep- 
sius, le mot Ktmrp (Annales, IX. 77. 81), que 
l’on retrouve dans l’hébreu Tli. 

HIRONDELLE. 

L’hirondelle était en Égypte le symbole de 17w- 
tier héritage laissé aux enfants, parce que, dit Hora- 
pollon, devant mourir, elle se roule dans le limon 

(1) Le nom des nazaréens "WJ signifie consacré et sépare , 
separavit se , abslinuit , se eonsecravit (Gesenius). 


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ce 


SYMBOLES 


et construit un nid pour ses petits. (Horap. II. 31 .) 

Le nom hébreu de l'hirondelle est "TPH drur ; la 
racine de ce mot est Tl dr ou TH dur , mots qui 
ont également la signification : 

1 0 D'habitation , maison , qui répond au mot d’Ho- 
rapolion xrèaiv, possession, que je traduis par héri- 
tage. 

2° TH dur signifie encore une génération, yevsà 
(Septante), et répond par conséquent aux mots d’Ho- 
rapollon xïwiv yovixinv, la possession génératne, ou en 
français l'héritage paternel. 

L’hirondelle était le symbole de l’héritage des 
ancêtres, parce quelle place son nid sur les habi- 
tations des hommes ; elle était par ce motif consa- 
crée aux dieux lares (Noël). 

HUIT. 



* Le dieu Thoth, dit Salvolini, était regardé dans 
€ l’ancienne Égypte comme le protecteur de la ville 
< d’Hermopolis magna; dans cette qualité, il reçoit 
« partout dans les inscriptions le titre qui consiste 


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67 




/ 




DE L’ÉGYPTE. 


* dans le caractère KH& seigneur , suivi du nombre 
« huit. Pour faire comprendre l’origine de l’emploi 
« du nombre huit dans l’expression de ce titre di- 
« vin , il me suffira de rappeler que le nom égyptien 
« d 'Hermopolis se lit UJuüYft schmoun, et que dans 
« le copte , aussi bien que dans l’égyptien , un mot 
« identique à ce nom, cyuorît indique le nombre 
« huit. » (Analyse, p. 230.) 

De même en hébreu, le mot huit est 7WU schmne. 


LACS. 

l 

Horapollon dit , dans un passage altéré par les 
copistes, que le lacs , nor/iç, représentait dans les hié- 
roglyphes Vamour, la chasse, la mort, l’air et un fils. 
(Horap. lib. II. 26. Cfr. Leemans. Adnot.) Je ne 
cherche pas à rétablir le texte, je donne seulement 
les mots qu’il contient et que je retrouve dans les 
significations ou la racine du nom hébreu du lacs. 


9 


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SYMBOLES 


08 


SIGNIFICATIONS DONNÉES 
PAR HOR APOLLON. 


SIGNIFICATIONS DU NOM DU 
LACS EN HÉBREU. 


Lacs. 

San 

HEBL 

La chasse. 

San 

HEBL 

Un fils. 

San 

HEBL 

La mort. 

San 

HEBL 

L’air. 

San 

EBL 

J.’amour. 

aan 

II F. B B 


des lacs. 

des lacs , des filets, 
l'enfantement, l'enfant. 

(chald.), détruire, la corruption 

le souffle. 

aimer. 


LIÈVRE. 



Les Egyptiens représentaient l’idée d'ouverture, • 
«ysifrî , par le lièvre , parce que cet animal a toujours 
les yeux ouverts (Horap. I. 26) ; les monuments con- 
firment cette signification d’ouertr ou d’ouverture. 
(Lccmans , p. 235.) 

D’après M. Champollion, le lièvre était le sym- 
bole d’Osiris (Notice du Musée Charles X, p. 46); 
cette divinité était représentée par l’œ»7 , et le lièvre 
désignait les y eux ouverts. 

L’hébreu donne les motifs de cette attribution 
symbolique , puisque rQnN arnbtii , le lièvre , se 


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DE L’ÉGYPTE. 69 

compose de ar , lumière, et nbt , contempler, 
avoir V intuition ( 1 ). 

Le mot arbe , une ouverture , une fenêtre ou- 

verte, se compose des mêmes racines que le nom 
du lièvre (2). 

D’après la signification hébraïque du nom de cet 
animal , il devait être en Égypte le symbole de la 
lumière morale révélée aux néophytes, et de la con- 
templation de la divinité ; c’est ce qui explique pour- 
quoi il était le symbole d’Osiris. 

LION. 

.o^L.IL 


Horapollon dit que les Égyptiens représentaient 
Y âme ou Y incandescence , S'jpcç , par le lion (Horap. 
I. 17)/ 

(1 ) La dernière lettre se change ici de n en g , parce que ces deux 
lettres éprouvent souvent cette mutation en hébreu (Gesenius, 
p. 383 ) ; quoiqu’il en soit, cette racine ne peut être douteuse, puis- 
qu’elle vient du verbe 333 percer, ouvrir, qui forme les mots $<3 3 
prophétiser , et 1333 contempler. 

(2) lumière , et n33 ou H333 une ouverture, une porte , de 
333 percer, ouvrir. (Gesenius, verbo 333 .) 


70 


SYMBOLES 


Le nom hébreu du lion, KOb lbia, se forme de la 
racine 2b lb, qui signifie l’dtne, le cœur; rcb lbe, la 
flamme , le cœur. 

Horapollon ajoute que le lion se fait remarquer 
par la grandeur de sa tête, ses pupilles enflammées, 
sa face ronde entourée d’une crinière radiée à l’i- 
mage du soleil ; et que c’est pour ce motif que l’on 
place des lions sous le trône d’IIorus, pour mon- 
trer les rapports symboliques de cet animal avec la 
divinité. 

Le nom d’IIorus , le dieu Soleil , signifie égale- 
ment en hébreu le soleil , "TW acr, prononcé hor ou 
"IX ar, le soleil. 

■HX ari est un des noms hébreux du lion et du feu; 
le mot bxnx arial est interprété par lion de Dieu ou 
feu de Dieu, et bxiX aral, lion de Dieu, héros (Gese- 
niusj. 

Ainsi les rapports symboliques qui existaient, d’a- 
près Horapollon, entre le dieu Soleil et le lion, se ma- 
nifestent dans l’hébreu de la manière la plus évidente. 

Les parties antérieures du lion avaient , d’après le 
même auteur, la signification de force (Ilorap. 1 . 18 .) 
Le mot WV lisch désigne un lion et la force (Gese- 
nius). 

La tète du lion était, d’après Horapollon, le sym- 
bole de la vigilance et de la garde , parce que cet 


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DE L’ÉGYPTE. 


7i 


animal ferme les yeux lorsqu’il veille et les ouvre 
en dormant, ce qui désigne la vigilance; c’était à 
cause de cette attribution symbolique que l’on pla- 
çait des lions aux clôtures des temples comme gar- 
diens (Ilorap. I. 19). 

La tête du lion avait été spécialement choisie pour 
désigner la vigilance et la garde , à cause des rap- 
ports établis entre le lion et le soleil ; le nom d’Ho- 
rus ou de la lumière “IN ar forme le verbe HIO rae, 
voir, prévoir, contempler; et le nom du lion ’HN ari 
forme celui de la vision rai. 

D’après M. Champollion, le lion était l’emblème 
de Phtha et d’Aroeris (Notice du Musée Charles X, 
p- 43) . 

On trouve dans le copte wcm lion, et oOye 
splendeur. 

LIS ou LOTUS. 


4U.È.Î 


Une tige de lis ou un bouquet de la même plante 
exprimait l’idée de la région ou l’Égypte supé- 
rieure; une tige de papyrus avec sa houppe , ou un 


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7i 


SYMBOLES 


bouquet (le la même plante, était le symbole de la 
région d’en bas ou l’Égypte inférieure. (Champ. 
Gramm. égypt. p. 25 ; Inscription de Rosette, lig. 5.) 

Le lis et le lotus symbolisaient l’initiation ou la 
naissance à la lumière céleste ; sur quelques monu- 
ments , le dieu Phré (le soleil) , est représenté nais- 
sant dans le calice d’un lotus. (Champ. Notice du 
Musée Charles X, p. 18; cfr. Jablonski , Hnrus , 

p. 212.) 

Le nom hébreu de la haute Égypte DVinD pthri s 
se forme de la racine T© pthr, interpréter les songes. 

L’Égypte supérieure était la terre natale des au- 
gures , le berceau de la religion , de l’initiation et de 
la science, comme le lotus est le berceau de Phré, 
le soleil. 

Le papyrus, signe de l’Égvpte inférieure d’après 
l’inscription de Rosette , indiquai i , suivant llora- 
pollon , la première nourriture des hommes et l’antique 
origine des choses (tlorap. I. 30). 

Le nom hébreu de l’Égypte inférieure est "ITfD 
MTsi'ii , mot formé des deux racines 7TSÎ2 mtse , le 
pain azyme , le pain non fermenté , première nourriture 
des hommes (1) , et de “Ha rstJR, rassembler, lier ensem- 


(1) Le papyrus fut la première nounilure des Égyptiens (Héro- 
dote , II , 98). 


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DE L’ÉGYPTE. 


7 *> 

ble, Tfif tsrr , un faisceau ; le faisceau de papyrus 
était, d’après Ilorapollon, le symbole de V antique ori- 
gine des choses. 

D’après ses significations Hébraïques, l’Egypte 
inférieure était la terre de l’agriculture et de la réu- 
nion des hommes en société, c’est ce qu’indique 
son nom même “ffllD, l’ Égypte et une frontière, une 
citadelle, une ville fortifiée, et ce qu’exprime égale- 
ment sur les hiéroglyphes le pain, ÎTfD mise, racine 
du nom de l’Égypte inférieure (voyez l’article du 
Pain sacré). 

L’Egypte portait encore un troisième nom expli- 
qué à l’article du Crocodile. 

LUNE. 


Les Égyptiens représentaient le mois par la lune . 
ou par un rameau de palmier. (Horap. I. 4.) 

En hébreu , le nom du mois et celui de la lune 
forment un seul mot ITT irhe, la lune et le mois; de 
même en copte on ^ , la lune et le mois. 

La palme ne désigne pas le mois , mais l’année , 
ainsi que le prouvent les monuments (Gramin. 



li 


SYMBOLES 


égypt. p. 97) , et que letablit Horapollon lui-méme 
dans un autre passage (I. 3). 

Le nom hébreu de la palme , ou rameau de pal- 
mier, est HwDjD swsSe, ramuspalmœ; la racine de ce 
mot se retrouve dans schne, Vannée ( 1 ). 

MAIN. 


Horapollon dit que les Egyptiens représentaient 
l’homme qui aime à bâtir par une main , parce que 
la main fait tous les ouvrages (II. 119). 

“P id , la main, signifie de plus un monument, et la 
force , la puissance, la vigueur . 

Les mains jointes étaient le symbole de la concorde 
(Horap. IL 11 ). 

En hébreu rfettf schlhe , donner la main , forme le 
mot 06 m schlcm , la concorde (Gesenius). 

MULE. 

La mule, dit Horapollon , représente une femme 
stérile (IL 42). 


(1) D’après Gesenius , les lettres y et q s’échangent en hébreu ; 
il en donne meme des exemples à la racine H3D 


DE L’ÉGYPTE. 


7S 


Le mot 1^3 prd, un mulet, signifie de plus séparer, 
disjoindre , verbe qui s’applique à la séparation des 
sexes. 

OIE CHENALOPEX. 


Les Égyptiens, dit Horapollon, représentaient 
l’idée de fils par l’oie chenalopex; cet animal a une 
grande tendresse pour ses petits : si on veut s’en 
emparer, le père et la mère se précipitent contre 
les chasseurs pour les défendre (Horap. I. 53). 

Les monuments égyptiens confirment cette inter- 
prétation (Champollion , Précis, p. 119, 218; Lee- 
mans, sur Horapollon, p. 27G). 

La table d’Abydos montre dix fois un groupe 
composé de l’oie et du disque du soleil, au-dessus 
des cartouches royaux (1); M. Champollion traduit 
ce groupe par fils du soleil (Précis, p. 218). 

Le mot fils en hébreu est ”13 bh ; ce mot deux fois 


(I) Voyez Klaprolh, Observations sur le monument d’Abydos , 
à la suite de l’Examen des travaux de M. Champollion ; Lermans , 
sur Horapollon, page 276; Sa/l , Essai sur les H ic’roglypbes pho- 
nétiques. 


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76 


SYMBOLES 


» 


répété , avec l’indication du pluriel, signifie les oies , 
D 1 ”Q“G BRBiuM (Gesênius). 

OREILLE. 


D’après Horapollon , l’oreille de taureau repré- 
sentait Vouïe (I. 47). 

Ce signe est le déterminatif des verber écouter, en- 
tendre (Champ. Grainm. 387, 388). 

Le mot JW azn signifie une oreille , écouter, enten- 
dre, et de plus être aigu, d’où vient, dit Gesenius, le 
nom de l’oreille, parce que cet organe est aigu chez 
les animaux. Cette remarque est le commentaire du 
passage d’Horapollon et du hiéroglyphe repré- 
sentant l’oreille. 

L’oreille du taureau symbolisait encore une chose 
future ou un fait futur (llorap. II. 23), parce que l’o- 
reille du taureau était le symbole de l’ouïe, et que 
dans la langue sacrée le nom de l’ouïe signifiait une 
chose future; c’est ce qui apparaît dans l’hébreu , 
puisque schmo signifie l’ouïe, écouter, annoncer, 
évoquer (Gesenius; cfr. Champ. Gramm. 387). 

Conférez l’article Chèvre. 


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DE L’ÉGYPTE. 


1 1 

Sur un manuscrit de la Bibliothèque royale , un 
personnage dont la tête est surmontée de deux 
oreilles de taureau, lit un livre sur lequel est le nom 
d’Osiris. (Ce sujet forme La vignette du quatrième 
chapitre.) 

Que celui qui a des oreilles pour entendre , entende ! 

O è/'ai-ÿ wt a dxBùttv, àxové tw ! (Luc, VIII, 8.) Cette pa- 
role de Jésus-Christ , après avoir énoncé les para- 
boles , signifie que celui qui entend le récit matériel 
des similitudes doit chercher à en saisir le sens ca- 
ché, et obéir à ce quelles enseignent, car le nom 
hébreu de l’ouïe signifie comprendre et obéir. 'yW 
schmo, audivil, audita inlellexil, intellectus est, obedivit. 
(Gesenius.) 


OS DE CAILLE. 

Un os de caille exprime, dit Ilorapollon, la stabi- 
lité et la sûreté (II. 10). 

Le mot D'i'J otsm signifie à la fois os et solidité, 
force. [Os a firmilate et robore dictum, Gesenius .) 

Le nom de la caille vfef schlu est le même mol 
que ibtÿ schlu , qui exprime la stabilité et la sûreté 
( securus , securilas. Gesenii Lexicon manuale, p. 964 
et 1007) (1). 


(t) Je dois de nouveau avertir ici le lecteur peu familiarisé avec 



78 


SYMBOLES 


Ce symbole égyptien est également un trope de 
la symbolique de la Bible ; lorsque le Psalmiste dit : 
Il n'y a point de sécurité dans mes os devant la face de 
mes péchés (Ps. XXXVIII. 4). Il emploie le mot üb>V 
schlim , dont la racine "b® indique également la sé- 
curité et la caille , et le mot D¥J? otsm, qui désigne un 
os et la fermeté, la solidité. 

OURSE. 

Les Égyptiens , dit Horapollon , voulant désigner 
un enfant informe à sa naissance et formé plus tard, 
peignent une ourse pleine , parce qu elle met bas un 

la langue hébraïque , que je néglige complètement les points- 
voyelles ; ce principe que j’applique h l’hébreu , parce qu’il n’existe 
pas de points-voyelles en égyptien , est également suivi par les hé- 
hraïsants dans l’explication des noms signilicatifs ; celui de la 
caille en est un exemple : cet oiseau fut ainsi nommé , disent les 
commentateurs , parce qu’il vit en sécurité au milieu des moissons. 
(Robertson , Thésaurus lingtta’ sancta.) 

Dans l’application de cette règle , une seule lettre pourrait em- 
barrasser. La lettre y forme dans les dictionnaires deux séries , 
selon la place occupée par le point , y et jp. Cette lettre étant dou- 
blée, on comprend que dans les autres séries, les mots dans lesquels 
elle se présente pointée différemment ne peuvent se retrouver les 
uns à côté des autres ; ainsi le nom de la caille éjj; se trouve à la 


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DE L’ÉGYPTE. 


79 


sang condensé qu’elle transforme en l’échauffant 
sur son sein, et qu’elle achève en le léchant (Horap. 
II. 83). 

Ce symbole serait inintelligible sans l’explication 
qu’en offre l’hébreu. 

Le nom de la constellation de la grande ourse , S/y 
osch , forme le mot inusité TlS/y osche , qui , d’après 
Gesenius, a dû signifier velu, couvert de poils, de là 
le nom d’Ésaü , WJ? cschu , le velu, celui qui est cou- 
vert de poils comme un ours. 

Le même mot rWJ? osche signifie former, fabriquer, 
créer, expression employée par la Genèse lorsqu’elle 
parle de la création du monde. 

Cet enfant informe à sa naissance, échauffé sur le 
sein maternel, et perfectionné par ses caresses, est 
le monde, qui commença informe par le chaos, et 
fot achevé par l’amour de Dieu. 

Cet enfant informe à sa naissance est encore 
l’emblème de l’âme qui de l’état profane s’élève à 
l’état moral et spirituel par la régénération ; je l’ai 
dit souvent, et je le répéterai, l’initiation figurait la 
cosmogonie ; la régénération ou création spirituelle 


page 964 du Lexique de Gesenius, et son homonyme 1 * 75 ) se lit 
à la page 4007. De même le mot pnvü n’est pas placé à côté du 
mot nwo, etc. , etc. 


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su 


SYMBOLES 


de l’homme était présentée comme une image de 
la création du monde. (Couleurs symboliques, p. 9(5. 
Cfr. l’article Scarabée ci-après.) 

PAIN SACRE. 



Un grand nombre de noms propres géographi- 
ques, dit M. Champollion (Gramm. égypt. p. 151), 
ont pour déterminatif un pain sacré; les Égyptiens, 
ajoute ce savant, voulurent, selon toute apparence, 
exprimer par un tel déterminatif les pays ou les lo- 
calités habités et organisés en sociétés régulières. 

M. Salvolini, en reconnaissant la signification gé- 
nérale de ce signe, prétend qu’il ne s’appliquait 
qu’aux pays de l'Égypte ; suivant ce philologue, au- 
cune forme de pain ne rappelle sur les monuments 
le signe que nous expliquons , c’est selon lui le signe 
figuratif de l’horizon. (Traduction de l’Obélisque, 
p. 16 et 17.) 

M. Salvolini s’était trop hâté de nier le fait avancé 
par son maître ; plusieurs monuments du Musée 
égyptien de Paris prouvent que notre signe est un 
pain sacré; le coffret n° 3293 représente une offrande 


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DE L’ÉGYPTE. 


81 


de pains de toutes les formes ; notre signe tel que 
nous le donnons , et tel qu’il se retrouve dans la 
Grammaire de M. Champollion et dans l’alphabet de 
M. Salvolini , s’y montre plusieurs fois. 

Du reste l’hébreu tranche la difficulté , puisque le 
mot "CD k kh signifie un pain, un gâteau, et un pays, 
une région. 

De plus, 7TtO mtse , le pain azyme, forme le mot 
"0^0 mtsur, qui signifie \' Égypte et une frontière. 

PAPYRUS. 


Horapollon dit que la plus haute antiquité était 
représentée par des discours (écrits?) des feuilles ou 
un livre scellé (II. 27). 

Or, le mot nb> ole , qui signifie une feuille et in- 
scrire sur des tablettes , forme obj? olm et DblJ? oulm , 
l’antique origine des choses , le temps obscur, caché, IV- 
ternité (1). 

(1; De là aussi le nom du nourrit son et le verbe téter, ^ijj oiil. 
Le lait est la première nourriture de l’enfant, comme le papyrus fut 
la nourriture primitive des Égyptiens I Hérodote, 11, 92). 

6 



82 


SYMBOLES 


La feuille de papyrus, de cette plante qui formait 
les tablettes et les livres, est la première lettre du 
nom du dieu seul éternel et tout-puissant de l’É- 
gypte, Ânum , qui à l’origine des choses créa le 
monde. Le nom du dieu Anton , d’après Manethon 
cité par Plutarque, signifiait occulte ou caché. La pre- 
mière lettre du nom des dieux égyptiens est souvent 
symbolique, puisque celte initiale forme dans un 
grand nombre de cas l’attribut spécial de la divi- 
nité. 

Le faisceau et la feuille de papyrus avaient été spé- 
cialement choisis pour représenter l’antiquité obs- 
cure et cachée, et le nom du papyrus , fON abe , 
paraît appartenir à la meme racine que N2PI heba, 
cacher , se cacher. 

Nous pouvons assigner ici le motif pour lequel le 
bouquet de papyrus est le déterminatif des noms de 
femmes : d’après la cosmogonie, l’amour fut l’an- 
tique origine des choses : DHN aeb, l 'amour, et rDN 
abe, le papyrus, tiennent évidemment à la même ra- 
cine (1) ; de plus, übÿ olm, V antique origine des choses, 


(1) La racine commune à ces deux mots est 1 e père, le 
créateur , la volonté, la verdure , l’ herbe, un fruit. Toutes ces signi- 
fications s'enchaînaient dans la cosmogonie : le Dieu créateur forma 
le monde dans son amour ou sa volonté; l’herbe, la verdure, les 


DE L'ÉGYPTE. 85 

signifie un jeune homme dans la puberté; nobÿ 
ol*e, la jeune fille nubile. Ces mots viennent de lara- 
cire rby OLE, la feuille. 

(Cfr. les articles Bouquet de roteau. Lis, et celui de 
la Couleur verte.) 


PAUPIÈRES. 

M. Champollion croit voir dans les trois signes 
supérieurs des diadèmes (Gramm. p. 298, 440) ; mais 
aucune forme de diadème ne confirme cette suppo- 
sition. 

M. Salvolini pense que ces signes sont des crêtes 
(Alphabet, n° 194). 

Je crois reconnaître ici des paupières; en effet, ces 
trois signes sont recouverts des trois sortes de pau- 
pières ou sourcils qui se montrent au-dessus des 
yeux dont M. Champollion donne le dessin (Gramm. 
égypt. Cfr. les n M 208 et 242 de l’alphabet). 


feuilles, représentaient la naissance du monde, parce que la nature 
semble renaître quand les feuilles paraissent. 


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84 


SYMBOLES 


Ce signe, d’après M. Champollion, marque l’idée 
de fête (Gramm. p. 174). 

Le nom hébreu de la paupière est le môme que ce- 
lui de la célébration d’une fête. 

mDttf schmre, au pluriel féminin fVHDttf schmruth, 
les paupières; et au pluriel masculin ü'HDEf schmrim , 
observatio, celebratio festi (Gesenius). 

La paupière était le symbole de l’observation ou 
de la célébration d’une fête, parce que le nom de la 
paupière signifiait en hébreu la vigilance et la garde, 
ITOSf schmre, custodia. En Egypte, la tête de lion 
était le symbole de la vigilance , parce que , dit Ilo- 
rapollon, cet animal ferme les yeux lorsqu’il veille, 
et les ouvre en dormant. (Voyez l’article Lion.) Sur 
les monuments, la tête de lion possède cette signi- 
fication de vigilance. Le signe qui nous occupe ne 
représentait-il pas la paupière du lion , symbole de 
la vigilance, de la garde, ou de l’observation des 
fêtes religieuses? 


« Les textes hiéroglyphiques, dit Salvolini, of- 


PEDUM OC LITUUS, BATON Al'GCRAL. 



DE L'ÉGYPTE. 


85 


« frent à chaque pas l’idée de roi , ou plus exacte- 
« ment celle de modérateur, exprimée par le TK dont 
« parle Manethon; il est orthographié toujours de 

« la manière suivante : ^ 

« L’imaged’un individu paré de tous les emblèmes 
« de la royauté , Yureus sur le front , le pedum et le 
« fouet entre les genoux , lui sert de déterminatif. Le 
« pedum, symbole de la modération, par un procédé 
« tout à fait dans le génie des écritures égyptiennes, 
« sert aussi à exprimer l’initiale du mot , 
« modérateur. » (Campagne de Khamsès, p. 16 .) 

La transcription du groupe ci-dessus donne le mot 
hébreu pft heq , qui signifie une loi , un statut , une 
coutume; ppn heqq, un législateur, un chef et un 
sceptre (Gesenius), ou un roi modérateur et un pedum. 

PLUME D’AUTRUCHE. 

La plume d’autruche est un symbole très-usité 
dans l’écriture hiéroglyphique et sur les anagly- 



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8 fi 


SYMBOLES 


plies , sa signification de juitice et de vérité est par- 
faitement constatée (1). 

D’après Horapollon : * L’homme rendant à tous 
« la justice était représenté par la plume d’autru- 
« ehe, parce que cet oiseau, à l’exception des 
« autres, a toutes ses plumes égales. » (llorap. 
II. 118.) 

La plume d’autruche est le symbole de la déesse 
de la justice et de la vérité, Thmé, la Thémis égyp- 
tienne. 

Le mot hébreu ÎJT ion signifie une autruche et un 
conseil, une détermination. Ce mot vient, d’après Ge- 
senius, de la racine rOJ? one, rendre une sentence, et 
en même temps témoigner. (Gesenius , p. 780 , B.) 
Ainsi , en hébreu comme en égyptien , l'autruche est 
le symbole d’une sentence de justice, et d’un témoi- 
gnage de vérité; ajoutons que le nom de la déesse de 
la justice et de la vérité, Thmé, signifie en hébreu la 
justice et la vérité, DPI thm ou PIDP1 tiime , integritas et 
ataiSsia. 

Poétiquement, le nom hébreu de l’autruche est 
PHP rnne; ce mot signifie de plus un chant de joie, 

(I) On ne peut pas avoir de doute sur ie signe représentant la 
plume d’autruche, puisqu’on voit sur une peinture de Thcbes deux 
hommes occupés à arracher les plumes d’une autrurhe. ( Wilkin- 
son 's, Manners and rustoms of the ancient Egyptiens, II, 6.i 


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DE L'ÉGYPTE. 


87 


de louange , et d’après M. Champollion , les âmes 
bienheureuses , la tête ornée de la plume d'autruche et 
sous l’inspection du seigneur de la joie du cœur, 
cueillent les fruits des arbres célestes (Lettres écrites 
d’Égypte, p. 231 ).‘ 

Une peinture du Rituel funéraire représente le ju- 
gement de l’âme ; elle s’avance vers la déesse Thmé , 
qui porte la plume d’autruche sur la tête ; à côté de 
cette divinité de la justice et de la vérité, paraît la 
balance dans laquelle Anubts et Horus pèsent les ac- 
tions du défunt; ils placent d’un côté la plume d’au- 
truche , et sur l’autre plateau le vase contenant le 
cœur (1 ) ; le poids du cœur est supérieur à celui de 
la plume d’autruche, le plateau s’abaisse, et lame 
est reçue au céleste parvis ; Thoth enregistre la sen- 
tence en présence d’Osiris ; au-dessus de cette scène 
paraissent les quarante-deux juges de l’âme assis , 
et la tête ornée de la plume d’autruche (2). 


(1 ) Ilorapollon, I, 21; Lccmans, Adnot, et planche xlv, A. 
Voyez la dernière vignette, à la fin du volume, copiée sur le ma- 
nuscrit de Tentamoun. 

(2) Voyez l’Explication de la principale scène peinte des papyrus 
funéraires égyptiens, par Champollion le jeune, extrait du Bulletin 
universel des Sciences de M. de Férussac, novembre 1825. Cfr. la 
Notice du Musée Charles X; la Description de l’Égvpte, etc. 


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88 


SYMBOLES 


POISSON. 


Le poisson était, d après Horapollon (I. 44), un 
symbole néfiiste , il désignait le crime, pûaoç. 

En hébreu J"! dc, le poisson, forme le verbe H .H 
dge, couvrir, cacher, être dans les ténèbres ; les ténèbres 
étaient en Égypte le symbole de Typhon, person- 
nification du crime , de la haine et de tous les maux. 
Un autre nom du poisson JJO dag forme le mot 
ri-'iXn dage , la crainte , la sollicitude. 

PORC. 

W 

Les Égyptiens représentaient l’homme impur par 
un porc. (Ilorap. II. 37.) 

La truie était l’emblème de Thoueris et des autres 
déesses typhoniennes. (Champ. Notice du Musée 
Charles X, 48.) 


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89 


DE L'ÉGYPTE 


De même que les Égyptiens , les Israélites regar- 
daient le pore comme impur. 

Le mot T*n hezir , un porc, est lormé par le verbe 
TT zir, avoir du dégoxlt. 


Le rat, d’après Horapollon , était le symbole de la 
destruction (Horap. I. 50). 

Le mot hébreu mD pre , un rat (Gesenius) , a 
pour racine T© prr , rompre, briser, détruire. 

Le mot HDD J? okbr est encore le nom du rat ; il se 
compose , d’après Gesenius , de okl , consommer , 
et "Û br , froment. Plusieurs pains étant posés, dit 
Horapollon, le rat choisit et mange le meilleur. 

Le rat était encore, suivant le même auteur, le 
signe de l’idée de jugement , parce qu’il choisit la 
meilleure partie du pain. Le nom du rat, /TID pre , 
forme le mot HD prz , un juge , et celui qui sépare, 
divise (pr. dirimens , judex , Gesenius). 

La vignette en tête de ce chapitre, copiée sur le 
manuscrit de Tentamoun, exposé à la Bibliothèque 


BAT. 



90 


SYMBOLES 


royale, représente 1 e jugement de lame; la défunte, 
assistée d’un personnage à tête de rat, présente dans 
sa main les œuvres qu’elle a faites et les paroles qu’elle 
a prononcées pendant sa vie, et d’après lesquelles 
elle va être jugée (1). 

ROSEAU. 

U 

Ce signe représente un roseau, ou, d’après Salvo- 
lini, une plante graminée. (Alpli. n° 144.) 

Les mots gouverner et diriger reçoivent constam- 
ment ce signe pour initiale, à l’exclusion de ses 
homophones (Gr. égypt.71); il forme également la 
première lettre du mot roi (Gramm. égypt. p. 75; 
Table d’Abydos). 

Plutarque, dans un passage altéré du traité d’isis 
et d’Osiris (cap. XXXVI) , et restitué par les com- 
mentateurs (cfr. Leemans, Adnot, ad Ilorapoll. 
p. 292), dit que le roseau était le symbole de la 
royauté , de {'irrigation, et de la fécondation de toutes 
choses. 

(1) L’ail signifie faire, p. 1S ; et la bouche est le symbole <te la 
parole. Cfr. lheOriginof theegyptian langnage, by D r Loewe.p. St. 


f. 


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DE L’ÉGYPTE. 


91 


Le mot hébreu mstf schde signifie un champ , une 
région , la possession , la royauté , la femme ; d après 
Gesenius (p. 983) , il a dû également avoir la signifi- 
cation d’arrojer, et d’après Guarin celle d’herbe. 

vjEf schdi désigne un champ et le Tout-Puissant (1 ). 

Les diverses acceptions de ces mots viennent de 
leur racine “Ittf scud, qui signifie une mamelle , signe 
de la fécondation de toutes choses. 

Les inscriptions égyptiennes confirment cette ap- 
plication de l’hébreu. 

Sur la table d’Abydos, le mot rot est toujours écrit 
par le roseau et le segment de sphère, ce qui, d’après 
l’Alphabet de M. Champollion, donne le mot 
schd, racine des mots hébreux que nous venons 
d’examiner. Le mot rot s’écrit souvent aussi avec 
l’adjonction du signe de l’eau ou de la couronne 
(Gramm. égyptienne, p. 75), ce qui donne le mot 

piy SCIIDN. 

Mais M. Lepsius démontre que le n final n’est 
qu’une augmentation dérivative qui n’appartient 
point au mot primitif (Annales de l’Institut de cor- 
respondance archéologique, tom. X, p. 121, 122). 
Ce mot n’existe pas dans le copte, cependant M. Lep- 


(1) >-|C campus, agcr ; *• polenlissimus, omnipotcns. Voy et. 

mît e» mfr 


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SYMBOLES 


94 

sius croit en découvrir une trace dans le nom du 
basilic, cvr, symbole des rois de l’Égypte (Ibid, 
p. 122). 


ROSÉE. 

Les Égyptiens représentaient l’enseignement ou 
l'instruction, naifeta, par la rosée tombant du ciel. 
(Horap. I. 37.) 

En hébreu HT ire signifie jeter des gouttes d'eau , 
arroser et enseigner, instruire. (Gesenius.) 

De même miD mure signifie un docteur, un profes- 
seur, et la première pluie, qui, en Palestine, tombede- 
puis le milieu d’octobrejusqu’au milieu de décembre, 
et prépare la terre à recevoir la semence. ( Gesenius , 
verbo mi 1 .) 

On comprend le rapport symbolique de {'instruc- 
tion qui prépare l’homme à la vie intellectuelle, et de 
la première pluie qui prépare la germination des 
plantes. 

Le mot tîHpbD mlqiisch désigne la pluie du prin- 
temps, qui , en Palestine , tombe avant la moisson , 


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DE L’ÉGYPTE. 


95 


aux mois de mars et d’avril ; Job assimile à cette 
pluie le discours plein d’éloquence el de bons fruits 
(Job, XXIX, 23). 

Le signe que nous donnons ici est l’abrégé de la 
scène qui représente le baptême égyptien, ou l’épan- 
chement de la rosée céleste sur la tête du néo- 
phyte. 

La vignette en tête de cet ouvrage ligure ce bap- 
tême, d’après un dessin des Monument* de V Égypte 
et de la Nubie de M. Champollion (tom. I, pi. xui). 

Horus et Thoth-Lunus versent sur la tète du 
néophyte les eaux, qui se transforment en vie divine 
(la croix ansée), et en pureté (le sceptre à tète de 
coucoupha) (1). 

La légende qui accompagne celte scène, et dont 
tous les éléments sont connus, doit, je crois, se tra- 
duire ainsi : 

Voici ce qui est dit : Horus, fils d'fsis, baptise d'eau 
et de feu (bis), Horus baptise d'eau et de feu (bis); dis- 
cours prononcé quatre fois. 

(I ) La signification de la croix ansée est reconnue par tous les 
égyptologues ; quant à relie du sceptre à tête de coucoupha , 
M. Champollion lui donne un sens lui peu différent de celui d’Ho- 
rapollon, celui de pureté, au lieu de piété (Grainm. ëgypt. p. 290, 
412, 449, or pur, 90). Nous avons vu que Veau était le svmhole 
de la pure/c. 


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94 


SYMBOLES 


La même légende est répétée pour Tholli-Lunus, 
• avec un simple changement de nom. 

Ce monument nous apprend les paroles que les 
prêtres prononçaient pendant la cérémonie. Celui 
qui représentait Horus disait deux fois : Ilorus , fils 
d’Isis , baptise d’eau et de feu ; puis deux fois : Ho- 
rus baptise d’eau et de feu; il répétait ces mêmes 
paroles quatre fois. 

Thoth-Lunus prononçait le même nombre de fois 
les mêmes phrases, en substituant seulement ses 
titres à ceux d’Horus. 

Ainsi les mots baptême d’eau et de feu étaient ré- 
pétés seize fois par chaque initiateur; en somme 
trente-deux fois. Ces nombres avaient une signifi- 
cation qu’Horapollon nous a conservée : seize sym- 
bolisait le plaisir, l’amour ; et deux fois seize le ma- 
riage, ou conjonction qui résulte d’un amour 
réciproque. Il est difficile de ne pas voir qu’il s’agit 
ici du mariage entre les deux principes représentés 
par le soleil et la lune , ou Horus et Thoth-Lunus , et 
dont nous parlerons dans le dernier article de cet 
ouvrage (1). 

(1) Cfr. Horapollon, I, 35. Voyez, pour le sens du mot que 
nous traduisons par baptiser, la Gramm. égypt. p. 376 et 360 ; et 
pour celui du groupe que nous lisons bis, voyez Champollion, Let- 
tres écrites d’Lgvpte et de Nubie, p. 196 et 146,pl. vt. 


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DE L’ÉGYPTE. 


95 


Le baptême d’eau et de feu, désigné sur la lé- 
gende par le caractère que M. Leemans a 

expliqué dans ses Annotations sur Horapollon (p.261 
et pl. xlix) , s’identifie dans sa forme extérieure 
avec le baptême d’eau, d'esprit et de feu de l'Evangile 
(Luc. III, 16, 17). Nous retrouvons également le 
baptême de feu et d’esprit dans le signe de la rosée, 
copié sur l’alphabet de M. Champollion (Gramm. 
égvpt.), et qui représente trois séries de triangles 
ou pyramides , symboles du feu et de la lumière (1). 

Le nom que recevait le baptisé ou l’oint était celui 
que la Bible donne au chef des Hébreux, Moïse H27D; 
ce nom existe sur les monuments égyptiens , il est 
écrit par le signe de la rosée ou du baptême, qui vaut 

D,et la tige recourbée qui vaut ttf; le groupe . Ml 
en hébreu tffD ou nttfD est traduit par engendré dans 
la Grammaire de M. Champollion (p. 133); nous 
lui donnons celui de régénéré ou engendré de nouveau, 
en nous appuyant sur la longue série de noms 


(1 ) Cfr. un monument du Panthéon égyptien de M. Champollion 
(planche xv, A), où ces triangles sont peints eu ronge et en jaune , 
ronleurs consacrées an feu et à la lumière. Voyez également la note 
de Leemans sur Horapollon, p. 248. 


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96 


SYMBOLES 


propres dans lesquels entrent les noms des dieux 
suivis de ce groupe. Ainsi Thoutmos, Amenmos, Ilar- 
mos, Phtahmos désignaient les régénérés par Thoth, 
par A num , par II or us ou par Phtah. 

D’après la Bible, le nom de Moïse était égyptien et 
signifiait sauvé de l’eau ou sauvé par l'eau : N"lpm 
MrWD BOrqD ’O XWfl PIB» W (Exode, II, 1 0). 

En hébreu Moïse , ÎTIPD msche , signifie sauvé , et 
nttfD mschhe est le verbe oindre et consacrer; ainsi le 
nom égyptien donné à Moïse désignait le sauvé par 
l'onction ou le baptême. Ce baptême , il le reçut dès 
son berceau et dans sa virilité, puisque, d’après les 
Actes des Apôtres et Philon, il fut initié dans toute 
la sagesse des Égyptiens (1). 


SAC DE BLÉ. 

t f 

Ce signe représente un sac de blé vide , comme le 
prouve un monument gravé dans l’ouvrage de M. Ro- 


(1) Actes, VII, 22. Philon, De vita Mosis, lib. I, p. 606. Cfr. 
Ijoewe, Thoorigin of the egyptian language, p. 26-27 ; et Lacour, 
Essai sur les Hiéroglyphes. 


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DE L’ÉGYPTE. 


97 


sellini. M. Champollion croyait que c’était une sorte 
de bourse (Gramm. égypt. p. 55). 

Le mot hébreu HXIDTl tiiblae signifie le menu de 
la terre , le produit de» champs , et aussi le fruit de l’in- 
telligence (Gesenius). 

Le mot püH titbcn , qui tient à la même racine , 
désigne l'intelligence , la prudence. 

Un chef, ou un premier personnage dans une 
hiérarchie , était représenté en Égypte par l’image 
d’un homme debout , tenant d’une main un sceptre 
pur, et de l’autre le sac de blé (Champ. Gramm. 
égvpt. p. 55). 

Le sceptre était le symbole de la puissance (1), et 
le sac de blé l’emblème de l 'intelligence , de la pru- 
dence , et du droit de propriété sur les terres. 

Le dieu des richesses matérielles et intellectuelles, 
Mercure, tenait une bourse à la main comme les 
chefs de l’Égypte. 


(t) Le sceptre pur, ou bâton sans ornement oac, représentait 
l'instrument avec lequel on frappait les coupables , et la verge de 
Dieu. Le sceptre pur était par conséquent le signe du droit de pu- 
nir, ou de la puissance des chefs. 



98 


SYMBOLES 


SCARABÉE. 

$ 

Le scarabée était en Égypte le symbole de la créa- 
tion par un seul , psvoye vit, de la génération , de la pa- 
ternité , du monde et de l’homme (Ilorap. I. 10). 

« Le scarabée , ajoute Hornpollon , représente la 
« procréation par un seul, parce que cet insecte n a 
c pas de femelle ; quand le mâle veut engendrer, il 

* forme, avec de la bouse de bœuf, une boule à l’i- 

* mage du monde, qu’il roule avec ses pattes de 
« derrière d’orient en occident , en fixant l’orient; il 
« enfouit cette boule dans la terre pendant vingt- 
« huit jours , et le vingt-neuvième il la jette dans 
« l’eau. » 

Le nom hébreu du scarabée est bïbîf tsltsl , que 
Gesenius traduit par grillon ( besltola stridens, grillus). 

Lorsque cet insecte veut engendrer, il marche en 
reculant vers la région des ténèbres, l’occident; et 
le nom hébreu du scarabée se forme de bï tsl , 
l’ombre , les ténèbres , bbï tsll , obscurcir, obombrer. 

11 roule dans ses pattes postérieures la boule à 


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99 


DE L’ÉGYPTE. 

l’image du monde , et le même mot tsm. signifie 
rouler en dessous (Gesenius). 

Il enfouit cette boule dans La terre , et plus tard la 
jette dans l’eau ; le même mot bbï tsll signifie cou- 
vrir et submerger (Rosenmüller, Vocab.), d’où se 
forme r6lï tsüle , Y abîme des mers (Gesenius). 

Ce symbole présente le drame de l’initiation ; la 
boule de fumier dans Laquelle doit éclore le nouveau 
scarabée est l’image de notre corps de pourriture ; 
enfoui dans la terre , il meurt , et renaît à une vie 
nouvelle en étant fécondé par les eaux baptismales. 
L’initiation figurait la mort et une nouvelle nais- 
sance. (Couleurs symboliques, p. 1 68 et suiv.) 

Le scarabée était le symbole du monde et de 
l’homme, parce que, dans la doctrine des mystères, 
l’homme était le petit monde, et le monde était le 
grand homme (Coul. symb. p. 184). Dans la Gram- 
maire égyptienne , le scarabée désigne le monde ter- 
restre (Champ. Gramm. égypt. p. 337) ; et sur les 
caisses de momies, le grand scarabée aux ailes 
éployées, qui roule dans ses pattes la boule du 
inonde , représente sans doute la mort et la nouvelle 
naissance du néophyte céleste. 

L’homme est novoycviç , c’est-à-dire régénéré par 
Dieu seul ; ce Dieu qui embrase le cœur et illumine 
l’esprit avait pour symbole le soleil; et Clément 


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100 


SYMBOLES 


d’Alexandrie nous apprend (Stromat. V), ainsi 
qu’IIorapollon (1. 10), que le scarabée figurait le so- 
leil ; c’est ce que prouvent les monuments : le dieu 
Thra , une des formes de Phré (le soleil) , porte un 
scarabée en place de tête. 

Les pères de l’Église adoptaient ces symboles de 
l’Égypte , conservés par les gnostiques , lorsqu’ils 
nommaient Jésus le povoyevèf, et le bon scarabée. Saint 
Ambroise semble traduire Horapollon lorsqu’il dit : 
Et bonus scarabœus , qui lutum corporis nostri ante in- 
forme ac pigrum virtutum versabat vesligiis : bonus scara- 
bœus, qui de stercore erigit pauperem. (S. Ambros. in 
Luc. X, n° 113. Cfr. Leemans, Adnot, ad Horap. 

p. 162.) 


SCEAU. 

Û 

Le sceau est le déterminatif des verbes clore, fer- 
mer, sceller (Champ. Granim. égypt. p. 372). 

En hébreu DITI hetiim, un sceau, un anneau à ca- 
chet, et le même mot signifie clore , fermer, sceller, et 
en même temps accomplir, finir (Gesenius). 

Le mot égyptien donné par M. Champollion est 


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DE L’ÉGYPTE. 


101 



mot hébreu DJT1 üethm . 

Le mot copte ojt&u signifie bien fermer , 
clore , mais ne désigne nullement un sceau . Le seul 


Peyron, tient à la racine du mot doigt, , 
qui forme les verbes signer avec un sceau, confirmer, et 
le nom de ï anneau pour sceller , mais qui n’exprime 
pas les idées clore , fermer. 


La signification symbolique du sphinx nous est 
offerte par l’hébreu : tspn signifie cacher et garder, 

et pD¥ tspun ou spin , un mystère, un arcane et la région 
des ténèbres, le nord. Les sphinx placés à l’entrée 
des temples en gardaient les mystères en avertissant 
ceux qui pénétraient dans les sanctuaires qu’ils de- 
vaient en dérober la connaissance aux profanes. 

Le sphinx, d’après M. Champollion, devenait 
successivement l’emblème particulier de chaque dieu 


nom copte du sceau , donné dans le dictionnaire de 


SPHINX. 



102 


SYMBOLES 


en recevant sur sa coiffure un insigne spécial (Notice 
du Musée Charles X, p. 114). Les prêtres ne vou- 
laient-ils pas exprimer par là que tous les dieux 
étaient cachet au peuple, et que leur connaissance, 
gardée au fond des sanctuaires, n’était dévoiléequ'aux 
seuls initiés. Le nom de la grande divinité de 1Ë~ 
gypte , dont toutes les autres ne sont que des éma- 
nations, Amon, d’après Manethon, signifiait caché 
(Cfr. Champ. Panth. égypt.) (1). 

Le sphinx possédait encore la signification de 
maitre ou seigneur, principalement dans les textes 
hiéroglyphiques des temps postérieurs (Gramm. 
égypt. p. 27). Cette signification fut donnée au 
sphinx, parce qu’en Égy pte, comme dans tout l’o- 
rient, les maîtres et les seigneurs du peuple étaient, 
comme les dieux, cachés à ses regards. 

Le peuple égyptien vénérait les prêtres magis- 
trats , parce qu’il leur était permis de voir le roi nu (2). 

Pharaon délègue sa puissance à Joseph, et le 
nomme interprète des sphinx, HTÿD rùDa, ou interprète 
des choses cachées (3). Le premier ministre était le gar- 

(1) Le nom à’ Amon, en hcLrcu signifie la vérité, la foi ; ef 
DDK ou OOJ? signifie cacher, obscurcir, voiler (cfr. Gesenius) - r 
ainsi le nom à’ Amon indiquait la vérité cachée au peuple. 

(2) Voyez Champollion-Figcac, Égypte ancienne, p. 46. 

(5) Revelator occu/ti. Vide Targ. Syr. Kimclii (Gesenius), 


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DE L’ÉGYPTE. 


103 


dieu et l’interprète des ordres cachés du souverain 
et des lois secrètes de l’empire. 

TAUPE. 

Les Égyptiens, dit Horapollon (II. 63), représen- 
taient un homme aveugle par une taupe, parce que 
cet animal ne voit pas. 

L’homme aveugle dont parle Horapollon est 
l’homme matériel et terrestre qui ne voit pas les 
choses célestes , c’est le profane qui ne peut percer 
le voile des mystères ; telle est du moins la significa- 
tion que l’hébreu donne à la taupe. 

-ibn held signifie la taupe, le monde et la durée de la 
vie; “iblTD DVlD les amants des choses terrestres (Psalm. 

XVII, 14) (1). 

Lorsque Isaïe dit que l’homme jettera ses idoles , 
les taupes et les chauve-souris, il emploie un sym- 
bole pour exprimer que l’homme renoncera à la vie 
mondaine, et à ce culte des choses terrestres repré- 
sentées par la taupe (Isaïe, II. 20). 

(1) Dans cette phrase il y a deux homonymes , flQ signifie homme 
et mort ; et -tVn la taupe et le monde. 



104 


SYMBOLES 


TAUREAU. 

Le taureau était , d’après Horapollon , le signe 'de 
l’idée fort, puissant, viril (Horap. I. 46). 

Sur les monuments égyptiens , le taureau désigne 
en effet la force et la puissance (1), et M. Champol- 
lion lui reconnaît la signification de mari (Gramm. 
égypt. p. 282). 

Le nom du bœuf ou du taureau , *)bx ou *pbx ALP 
ou alcp, est formé de la racine bx al , qui signifie 
fort, puissant, héros. C’est pour ce motif que le nom 
hébreu du taureau îjlbx signifie de plus un chef, un 
prince (2). 

Sur l'obélisque de Paris, le taureau porte cette 
signification que lui donne l’hébreu. 

Cet animal était de plus le symbole de la virilité. 


(1) Salvolini, Traduction de l’Obélisque, p. 8. Leemans, sur Ho- 
rapollon, p. 303. 

(2) La première, lettre de l’alpbabct hébreu tt porte le nom du 
btruf; et, d’après Gesenius, elle fut d’abord l’image de la tête de 
rrt animal. 


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DE L’ÉGYPTE. 


103 


de la force génératrice de la nature , et comme tel 
représentait le Nil , agent de la fécondité de l’É- 
gypte (1 ). Le taureau Onuphis était consacré à Amon 
générateur, et la vache Masré (génératrice du soleil), 
à la déesse Neith, mère du dieu Phré (le soleil) (2). 

En hébreu le nom du taureau ”© pr , au féminin 
ms pre, est le même mot que le verbe !TO pre , être 
fécond. 


VAUTOUR. 



Horapollon (I, 4 1) dit que le vautour était le sym- 
bole de la maternité (3), du ciel, de la connaissance de 
l'avenir, de la miséricorde, de Minerve, de Jutwn. 

Cet auteur, commentant ces attributions symbo- 
liques, ajoute que le vautour désignait l’amour mater- 

(1) Jahlonski, Panth. Apis . — Rolle, Culte de Bacchus, I, 440- 
4 45. HorapolJ. II. 43. 

(2) Champollion, Notice du Musée Charles X, p. 44 . 

(3) Le vautour était spécialement consacré à Neith Thcrmoutis, 
la mère des dieux et des êtres mondains (Champ. Notice du Musée 
Charles X, p. 5 et 41). 


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106 


SYMBOLES 


ntl, parce qu’il nourrit ses petits de son propre 
sang ; il dit un peu plus loin, que les déesses et les 
reines égyptiennes avaient la tête ornée de cet oi- 
seau, ce que prouvent en effet les monuments (Lee- 
mans, Adnot, p. 183). 

Le vautour représentait le ciel, parce que, d’après 
Pline, nul ne peut atteindre son nid, établi sur les ro- 
chers les plus élevés (Hist. nat. X. 6; Leemans, 1 72). 
Ce qui fait dire à llorapollon que cet oiseau était fé- 
condé par le vent. 

Il symbolisait la connaissance de l'avenir, parce que, 
d’après le même auteur, les anciens rois de l’Égypte 
envoyaient des augures sur le champ de bataille , et 
apprenaient quel serait le vainqueur en regardant 
le côté vers lequel se tournait le vautour; sur les 
monuments, les rois vainqueurs portent le vautour 
sur leur tête (Leemans, 178; Champollion-Figeac , 
Égy pte ancienne , planche xvi). 

Enfin cet oiseau était attribué à Minerve et à Junon, 
parce que, chez les Égyptiens, Minerve présidait à 
l’hémisphère supérieur du ciel , et Junon à l’hémi- 
sphère inférieur du ciel ; il eût été absurde , ajoute 
Horapollon, de représenter par le genre masculin le 
ciel, qui a engendré le soleil, la lune et les étoiles 
(Horap. I. 11). Les monuments égyptiens représen- 
tent le ciel sous la figure d’une femme courbée et ap- 


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107 


DE L’ÉGYPTE. 

puyant ses pieds et ses mains sur la terre. (Champ. 
Panth. égypt.) Les monuments prouvent encore que 
le vautour représentait le ciel ou la région supé- 
rieure, de même que la haute Égypte (Champoll. 
Gramm. égypt. p. 355; Inscription de Rosette, 
ligne 10). 

L'hébreu confirme les diverses significations don- 
nées au vautour. 

Le mot Dm rhem, le vautour , est ainsi nommé , 
dit Gesenius, à cause de sa piété à l’égard de ses pe- 
tits (1 ) ; en effet, le même mot Dm rhem est le verbe 
aimer, qui se rapporte spécialement à l’amour des 
parents pour leurs enfants, ce nom désigne encore la 
maternité et le genre féminin , il signifie Yutérus, la 
femme et la jeune fille. Le hiérogrammate égyptien ne 
semble-t-il pas commenter le mot hébreu en disant 
que le vautour symbolisait la maternité? il ajoute que 
cet oiseau représentait la miséricorde et le ciel; et 
toutes les nobles passions de lame sont représentées 
par le mot Dm rhem, au pluriel D^m rhemim; il si- 
gnifie les viscères du cœur et de la poitrine, et en 
même temps l’amour, la piété, la miséricorde , parce 
qu’en effet, c’est sur les viscères de la poitrine qu’a- 

» 

(1) Cfr. Bochart, Hieroz. lib, II. cap. xxv et xxvi ; et Didymi 
Taurinensis, Littérature 1 copticæ rudimentum, p. 9-10. 


108 


SYMBOLES DE L’ÉGYPTE. 


gissenl l’amour et la piété (Cfr. Gesenius). Le cœur 
et la poitrine , sièges des affections divines , sont les 
deux hémisphères célestes sur lesquels règne le 
vautour. 


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SYMBOLES DES COULEURS. 


109 


CHAPITRE TROISIÈME. 

APPLICATION AUX SYMBOLES DES COLLEURS. 



matériels étaient employés pour désigner les idées 
abstraites qui leur correspondaient ; plus tard s’o- 
péra une réaction dans les langues , les noms des 
idées abstraites furent souvent imposés aux objets 
matériels qui les symbolisaient. 

Cette action et cette réaction , qui se manifestent 
chez les peuples qui conservèrent l’intelligence des 
symboles, fut une des causes de ce fait remarquable 
dont l’hébreu nous a offert des exemples : que les 
synonymes reproduisent les mêmes homonymies, 
c’est-à-dire que différentes dénominations d’un 


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MO 


SYMBOLES 


même objet physique possèdent le même sens mo- 
ral ; tantôt l’idée abstraite naissant du symbole, et 
tantôt le nom du symbole dérivant d’une ou de plu- 
sieurs expressions abstraites. 

Il est évident que ce fiiit écarte toute idée de ha- 
sard dans la formation des significations symboli- 
ques , et toute idée d’arbitraire dans leur interpré- 
tation. 

La loi qui imposa aux synonymes d’une langue 
les mêmes homonymies reproduisit les mêmes 
phénomènes dans des langues étrangères entre elles, 
et qui n’avaient d’autre rapport que celui d’une 
origine symbolique : il n’est pas surprenant que l’on 
retrouve dans l’hébreu la raison des symboles de 
l'Égypte, puisque j’ai déjà montré dans l’histoire 
des couleurs symboliques que le nom de la couleur 
blanche eut la même signification dans des langues 
complètement étrangères les unes aux autres. Ainsi 
le mot grec Leckos signifie blanc, heureux, agréable, 
gai; en latin Candides, blanc, candide, heureux; dans 
la langue allemande, nous trouvons les mots Weiss, 
blanc, et Wjssen, savoir, ich weiss, je sais; en an- 
glais White, blanc, et Wit, esprit, Witty, spirituel, 
Wisdom, sagesse (1). 

(1) Des Couleurs symboliques dans l’antiquité', le moyen âge et 
les temps modernes, p. 50 et St. 


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DES COULEURS. 


m 


Les langues de la Grèce et de Rome, et celles des 
peuples modernes, altérées par de nombreux mé- 
langes et un long usage, perdirent le caractère sym- 
bolique que nous retrouvons dans l’hébreu ; l’ap- 
plication de celle dernière langue aux symboles de 
l’Égypte en offre le témoignage , et les noms des 
couleurs le confirment. 

Après le travail spécial publié sur cette matière, 
il paraîtrait suffisant d’établir que les noms des cou- 
leurs reproduisent en hébreu les significations assi- 
gnées dans nos recherches antérieures ; mais il nous 
a semblé utile d’appliquer spécialement aux pein- 
tures de l'Égypte ce nouvel instrument de vérifi- 
cation. 

BLANC. 

Les significations données par l’hébreu aux noms 
de la couleur blanche désignent la pureté , la candeur, 
la noblesse. 

“1TI iiEtR, être blanc ; D'HTI HEi ni.M, les nobles, les 
purs, les blancs. 

pb LES, être blanc, se purifier des péchés. 

Les mânes en Égypte sont vêtus de blanc comme 
les prêtres ; Phtha, le créateur et le régénérateur, est 
enfermé dans un étroit vêtement blanc , symbole de 


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112 


SYMBOLES 


l’œuf dont il naquit (1). L’œuf rappelait et la nais- 
sance du monde et la nouvelle naissance , ou régé- 
nération des purs ou des blancs. 

ROUGE. 

Les noms de la couleur rouge sont formés par les 
noms du feu , et ils forment à leur tour les noms de 
l’amour : ainsi pJPX argcji , la pourpre , est formé par 
ms are , brûler. 

pjTiN argmn , autre nom de la pourpre, est égale- 
ment formé de îTlX are , briller, et de DJH rgm , qui 
signifie colorer, peindre, conjoindre, et un ami. 

La couleur rouge, la plus éclatante de toutes, ser- 
vit à désigner les verbes colorer et peindre , et comme 
image du feu, elle désigna l 'amour, le lien universel 
des êtres. 

Les noms de l’homme et de la femme furent em- 
pruntés au feu et à la couleur rouge, parce que la vie 
matérielle , la vie morale et la vie religieuse de l’hu- 
manitéprennent leur sourcedansl’amour : aisch , 

l'homme, de la racine IPX asch , le feu, ntPX asche , la 
femme et le feu. 


(1) Cfr. les peintures du Rituel funéraire; et Émcric-David , 
Vulcain. 


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DES COULEURS. 


113 


DIS adm, V homme et la couleur rouge. 

Sur les monuments égyptiens, tous les hommes 
ont la carnation rouge et les femmes la carnation 
jaune ; il en est de même des dieux , dont les chairs 
sontrougcs, etdes déesses, qui sont colorées en jaune, 
lorsque du moins ces divinités n’ont pas une couleur 
qui leur soit spécialement attribuée. Nous voyons 
dans ce fait la confirmation de la signification hé- 
braïque de l'homme , dont le nom signifie rouge ; 
nous allonsdire pourquoi le genre féminin est désigné 
* par le jaune. 


JAUNE. 


Chez les Égyptiens comme chez les Hébreux, le 
feu était le symbole de la vie divine, de la vie humaine, 
et de la vie qui anime tous les êtres créés. 

La divinité dans son essence intime était considé- 
rée par les Égyptiens comme étant mâle et fe- 
melle (1). La chaleur du feu représentait le principe 
mâle universel. 

La lumière du feu était le symbole du principe fe- 
melle. 


(t) Des Couleurs symboliques, p. 103. Cfr. le Panth. égypt. de 
Champ. Aman cl Amon femelle. 


8 


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iU 


SYMBOLES 


Le Pimandre, qui nous a conservé, du moins en 
partie, d’après M. Champollion, les doctrines de 
l’Égypte (1 ), nous révèle ce mystère. 

La pensée, dit Hermès, est Dieu mâle et femelle, 
car il est vie et lumière (Pimandre, cap. I. § 0). 11 est 
évident que la vie opposée à la lumière désigne l’ar- 
deur du feu et le principe mâle, comme la lumière 
symbolise le principe femelle. 

J’ai établi autre part que le rouge fut le symbole 
de l’ardeur du feu , et le jaune celui de la lumière : de 
même dans la langue hébraïque le nom de la couleur 
rouge est formé de celui du feu, et le nom de la cou- 
leur jaune ou couleur dorée DÎT* tseb, désigne une 
émanation ou un rayonnement delà lumière, comme 
l’indique sa signification propre briller, resplendir . 

La conséquence nécessaire de ce qui précède est 
que le principe mâle symbolisé par le feu ardent dut 
être représenté de couleur rouge , et le principe fe- 
melle s’identifiant à l’idée de lumière dut être peint 
de couleur jaune. Le Pimandre nous donne ainsi 
l’explication de ce fait singulier, que sur les monu- 

(1) « Les livres hermétiques, dit M. Champollion, malgré les 
« jugements hasardés qu’en ont portés certains critiques modernes , 
« n’en renferment pas moins une masse de traditions purement 
" égyptiennes, et constamment d’accord avec les monuments. » 

(Panthéon égyptien, art. Tholh Irismcgisté). 


DES COULEURS. 


m 


ments égyptiens les hommes ont la chair rouge et 
les femmes la carnation jaune. 

M . Champollion -Figeac croit que cette différence 
vient de ce que le teint des femmes était moins foncé 
que celui des hommes (Égypte ancienne, p. 29); 
dans cette hypothèse, on concevrait une dégradation 
dans la teinte; mais il serait impossible d’expliquer 
comment les hommes sont rouge cerise, et les femmes 
jaune citron , ainsi que M. Champollion jeune les re- 
présente dans sa Grammaire égyptienne, p. 8, et 
dans son Panthéon égyptien , et comme les monu- 
ments en font foi. 

La vignette en tête de ce chapitre représente Athor, 
ou la Vénus égyptienne, dans le disque solaire (1). 
Athor, épousede Phlha, ou du feu t est la divinité de 
la beauté et de la lumière; son nom signifie habitation 
d’IIorus (Plut. De Iside), sa couleur est \e jaune. 

Sur les anaglyphes, le disque du soleil est peint en 
rouge ou en jaune, et quelquefois en rouge entouré 
d’un bandeau jaune. Sur un monument publié par 
M. Champollion, le soleil levant est représenté par 
un disque jaune, et le soleil couchant par le disque 
rouge bordé de jaune (Panthéon égyptien, Ré). 


(1) Description de l’Égypte ant. vol. IV, pl. mu, corniche du 
grand temple de Denderah. 


116 


SYMBOLES 


BLEU. 


Le nom de la couleur bleue ne paraît pas exister 
en hébreu, que je sache du moins (1); mais la si- 
gnification de cette couleur nous a été conservée 
dans celle du saphir. 

Le nom du saphir, le même en hébreu qu’en 
français, TDD spir ou spuir, est formé par la racine 
"IDD spr ou spiir , qui signifie écrire , parler, célébrer, 
louer, un scribe, V écriture, le livre. 

Ces diverses significations indiquent le Verbe, la 
parole écrite ou parlée, la sagesse de Dieu renfer- 
mée dans le Sepher des Hébreux ou la Bible. 

La couleur de saphir est celle du Verbe égyptien 
Amon , dont le nom, conservé dans la Bible exacte- 
ment comme sur les légendes hiéroglyphiques, pDN 
amun ou JDK amn, signifie en hébreu la vérité, la sa- 
gesse, comme sa couleur de saphir TDD indique la 
parole, le Verbe parlé ou écrit. 

Le chef des hiérogrammates égyptiens portait sur 
la poitrine un saphir sur lequel était gravée l’image (*) 


(*) IflÜ signifie le noir et probablement le bleu loncé. Le mot 
nSjn désigne l'hyacinthe ou le pourpre bleuâtre. 


DES COULEURS. 


m 


de la déesse de la vérité et de la justice, Thmé , dont 
le nom On thm ou HDTI tume signifie en hébreu la 
justice et la vérité. (Voyez l’article Plume d’autruche.) 

Le grand prêtre des Hébreux portait sur la poi- 
trine une pierre qui avait le même nom : la vérité , 
la justice, D'DTl tumim. 


HYACINTHE. 


Le nom hébreu de la couleur hyacinthe est 
thkltr (1), formé de la racine îTOn thkle, qui si- 
gnifie l'absolution, la perfection, l 'espérance et la con- 
stance, absolutio, perfectio, spes, fiducia (Gesenius); 
HvOTI tuklith, la perfection, consommation. 

Dans l’ouvrage sur les couleurs symboliques on 
peut voir que l’hyacinthe était le symbole de la per- 
fection, de l’esperanceet de la constance dans les com- 
bats spirituels. 

Cette couleur ne paraît pas avoir été employée sur 
les monuments égyptiens. 


(i) JlSafl hyacinthus (Robertson, Thésaurus), purpuru cerulea, 
sericnm flavum (Gesenius). 


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118 


SYMBOLES 


VERT. 


Le nom hébreu de la couleur verte est pi 1 irq, n- 
ridit , qui signifie également la verdure, Yherbe verte. 

Ce mot dérive des racines m 1 ire, fonder, coor- 
donner, et de p"l rq , le vide, !7p”l rqe, le temps, l’ex- 
pansion du vide, jPpl le firmament. 

Ainsi le nom de la couleur verte désigne la fonda- 
tion du temps, la création du monde, la naissance 
de tout ce qui est ; c’est le sens donné au vert dans 
l’ouvrage sur les couleurs symboliques, et c’est aussi 
la valeur constante qu’il reçoit sur les monuments 
égyptiens. 

Le dieu fondateur du monde, Phtha, le créateur 
et le stabilitcur, a toujours la carnation verte. 

Phtha, d\l M. Champollion, est l’esprit créateur actif, 
l’intelligence divine qui, dès l'origine des choses, entra 
en actionpour accomplir l'univers, en toute vérité et avec 
un art suprême. (Panth. égypt. Cfr. Jamblich. De 
Mysteriis, sect. VIII, cap. vin.) 

Ses chairs, ajoute le savant français, sont tou- 
jours peintes en vert. 

Celte divinité lient à la main un sceptre surmonté 
de quatre corniches qui dans l’écriture hiéroglyphi- 


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DES COULEURS. 


119 


que est le symbole de la coordination (Champ. Panth. 
égypt.); et la racine m 1 signifie coordonner, insti— 
tuere, conformare (Gesenius); ce sceptre est peint des 
quatre couleurs attribuées aux quatre éléments, le 
rouge marquant le feu ; le bleu, l’air ; le vert, l’eau ; 
et le jaune fauve ou tanné , le sable ou la terre. (Cfr. 
Emeric-David, Vulcain, p. 65.) 

Le vert fut attribué à l’eau parce que dans la cos- 
mogonie égyptienne l’eau était l’agent primordial de 
la création. (Champ. Panth. Cnouphit-Niltu.) Le mot 
m 1 ire, racine du nom de la couleur verte, signifie 
Jeter les fondements et arroser. 

Phtha est non seulement le créateur du monde, 
mais le régénérateur ou le créateur spirituel de 
l’homme ; sous la forme de Phlha-Socari, il règle les 
destinées des âmes qui abandonnent des corps ter- 
restres afin d’être réparties dans les trente-deux 
régions supérieures. Sa carnation est également 
verte. (Champ. Panth. planch. xi.) 

La signification de la couleur verte étant donnée 
par son nom et par son attribution au dieu créateur 
du monde, il est facile d’en faire les applications aux 
autres divinités. 

Le dieu Tori ou Thra, le monde personnifié, est 
représenté assis dans une arche flottante sur les 
eaux cosmogoniques vertes. (Champ, Panth. égypt.) 


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120 


SYMBOLES 


Le dieu Lunus (la lune), dont la carnation est verte, 
est également assis dans une barque ou bari qui 
vogue sur les eaux vertes ; le dieu Lunus était sans 
doute une divinité cosmogonique, puisqu’il paraît 
avec les emblèmes de Phtba, le sceptre de la coor- 
dination à la main. Le nom hébreu de la lune m' 
muE est formé de l’une des racines de la couleur 
‘verte ÎTV ire, qui signifie fonder et coordonner, insti- 
tuera, conformare (Gesenius). 

La même racine ITT ire signifie de plus instruire 
et arroser. Nous avons vu à l’article de la Rosée que 
ce symbole désignait la sainte doctrine. Le dieu in- 
stituteur des hommes, l’organisateur de l’état social; 
le dieu des sciences, de la sainte doctrine et des 
hiérogrammales, Thoth, a les chairs peintes en vert 
sur deux monuments reproduits dans le Pan- 
théon égyptien de M. Champollion. Thoth verse 
sur la tête du néophyte les eaux purificatrices, sym- 
bole de la rosée céleste. (Voyez la scène du baptême 
égyptien, en tête de ce volume.) 

Netphé, génératrice des dieux, dame du ciel, ainsi que 
le porte la légende de cette divinité, est souvent re- 
présentée au milieu de l’arbre Persea versant sur les 
âmes la boisson divine ; sa carnation est verte. 

Enfin Neilh à tête de lion, nommée Pascht, re- 
présente le principe régénérateur sous l’emblème 


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DES COULEURS. 


131 


de la vigilance et de la force morale, le lion ; elle 
saisit de ses deux mains le grand serpent ennemi 
des dieux et symbole des méchants et des im- 
pies, nommé Apop. L’inscription qui accompagne 
celte image de la divinité est : Pascht puissante, œil 
du soleil, souveraine de la force, rectrice de tous les dieux 
châtiant les impurs. 

Les trois formes sous lesquelles elle est représentée 
dans le Panthéon de M. Champollion, la montrent 
toujours avec la carnation verte. 

Pascht, protectrice des guerriers, représentait, 
d’après le hiérogrammale français, la sagesse qui 
donne la t ictoire. (Panth.) 

Le vert était le symbole de la victoire (Couleurs sym- 
Ixdiques, p. 21 5). Le serpent percé par les glaives 
des dieux parait, sur le Rituel funéraire, enfermédans 
une demeure verte. 

Neith se manifeste encore sousla forme de la déesse 
Seben, la Luc ine égyptienne, qui présidait aux tra- 
vauxde l’enfantement; elle est représentée sous trois 
formes diverses dans le Panthéon de M. Champollion, 
et constamment avec les chairs vertes. 

La couleur vertesymholisait la naissance matérielle 
et la renaissance spirituelle; d’après une tradition sym- 
bolique long-temps conservée, l 'émeraude hâtait l'en- 
fantement (Couleurs symboliques, p. 214), et la 


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123 


SYMBOLES 


Lucine égyptienne est de la couleur de l'émeraude. 

La symbolique de la couleur verte , dont nous ne 
donnons ici qu’un court aperçu, domine les monu- 
ments religieux de l’Égypte; le motif est qu’elle en- 
seignait le fondement même des mystères de l’ini- 
tiation, c’est-à-dire la naissance du monde et la créa- 
tion morale des néophytes. 


ROUX ou TANNÉ. 

Le nom de la couleur rousse pDTl hemuts, signifie 
l'oppresseur, le violent, relier , oppressor, violentus 
(Rosen müller, Vocahul.). Nous avons vu que ce mot 
était formé de Dû hem, la chaleur dévorante ; DTI heum, 
la couleur noire (Voyez l’article du Crocodile). Ainsi, ce 
mot correspond parfaitement à la couleur rougenoir, 
attribuée, d’après Plutarque et Diodore de Sicile, à 
l’esprit oppresseur et violent, à Seth ou Typhon (Cou- 
leurs symboliques, p. 257). La concubine deTyphon, 
Thoueri est représentée avec la carnation couleur 
tannée, sur une peinture du Panthéon égyptien de 
M. Charnpollion. 

TTp oim, tanné, roux, pullus subniger, signifie de 
plus sale, être dans l'affliction, et les Ismaélites. (Gese- 
nius.) 


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DES COULEURS. 


iss 


NOIR. 

U existe dans la symbolique deux couleurs noires, 
l’une opposée au rouge et l’autre au blanc. (Cou- 
leurs symboliques, p. 167.) 

La première désigne l’ignorance enfantée par le 
mal et par toutes les passions égoïstes ou hai- 
neuses. 

La seconde indique l’ignorance de l’esprit qui n’a 
point été confirmée par la méchanceté du cœur, et 
qui cherche à sortir de cet état de mort intellec- 
tuelle. 

Le noir venant du rouge se nomme en hébreu DTI 
heum , comme nous venons de l’établir à l’article de 
la couleur tannée ; ce nom forme le mot HDT1 hecme, 
un mur d'enceinte, parce que le mal et le faux étrei- 
gnent l’homme comme dans une étroite enceinte. 
(Cfr. l’article Ane.) 

Le noir venant du blanc, en hébreu TE7 scmier, le 
noir, -signifie de plus l’aurore et chercher. Ce mot, dont 
le rapport avec le nom de La couleur blanche TI¥ 
tsher paraît évident , désigne l’attente du profane 
qui cherche et voit briller les premières lueurs de 
l’aurore. L’Osiris noir qui paraît au commencement 
du Rituel funéraire, représente cet état de lame qui, 


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lu 


SYMBOLES DES COULEURS. 


du sein des ténèbres qui environnent cette terre , 
passe dans le monde de la lumière. 

C’est aussi ce qu’indiquent, dans le jugement de 
lame, les deux enfants d’Osiris, Anuhis et Horus, 
qui pèsent le poids de lame dans la balance de l’A- 
menti. Anubis, le dieu des morts et de l’embaume 
ment, est de couleur noire, et Horus de couleur 
rouge et jaune. (Description de l’Égypte.) 

Tholh Psychopompe , conducteur des âmes près 
d’Osiris, porte la tête d’ibis noir. 


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SYMBOLES DE LA BIBLE. 


125 


CHAPITRE QUATRIÈME. 

APPLICATION ALT SYMBOLES BF. LA BIBLE. 



Le principe des symboles de la Bible est enseigné 
par cette parole du Seigneur à l’apôtre Simon, qui 
venait de le reconnaître pour le Christ, le fils du Dieu 
vivant : 

Tu es pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon temple. 

(Matth. XVI, 18 .) 

La pierre est le symbole de la foi : le fondement de 
la foi chrétienne est de reconnaître le Seigneur pour 
le Christ, le fils du Dieu vivant. 

Jésus imposa à Simon le nom de Pierre (Marc, III, 
1 6 ) parce que la mission divine que cet apôtre devait 




SYMBOLES 


126 

accomplir représentait spirituellement ce que repré- 
sente matériellement la pierre fondamentale de l’é- 
difice. 

Ici est-il nécessaire de le dire aux chrétiens? le 
Messie ne joue pas sur le mot, mais exprime par 
un symbole la fonction que Pierre aura à représenter 
et à accomplir; or, il faut choisir entre ces deux in- 
terprétations, l’une triviale, l’autre sublime ; la pre- 
mière présentant un caleinbourg, puisqu’il tant tran- 
cher le mot, la seconde donnant la clef des symboles 
de la Bible. (Voyez le mot Pierre ci-après.) 

Le système des homonymes appliqué à l’inter- 
prétation de la Bible n’est pas nouveau, quoique 
aucun savant n’en ait lait l’objet d’une étude spéciale ; 
ce principe est si évidemment employé par les écri- 
vains sacrés, que les hébraïsants ne pouvaient s’em- 
pêcher de le reconnaître dans quelques passages. 

Il y a plus de deux cents ans que le célèbre Hein- 
sius, dans les prolégomènes de son Aristarchus sacer, 
établitquel’Évangile de saint Jean, écritengrec, avait 
été conçu en syriaque, parce que dans cet Évangile 
l’écrivain sacré fait des allusions au double sens des 
mots, double sens qui n’existe qu’en syriaque et non 
pas en grec (1). Le savant commentateur fait la 


(1) Si quis ex me quærat, quanam lingua scripscrit evaugelista 


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UE LA BIBLE. 127 

même observation à la suite de l'examen du mot 
dpevo, employé par saint Pierre dans son Ëpîtrell, 
ch, I, vers. 5(1). 

J’emprunte ces deux citations de Heinsius à l’ou- 
vrage de M. Goulianof sur l’archéologie égyptienne 


noster; hcllenistica scripsissc dicam. Si quis, qua conceperit qui 
scripsit; syriacam fuisse dicain. Ad eain autern quod est hellenistis 
propriura, et voces et sermonem deflexisse græcura : quarc ad allu- 
sioncs, non quæ extant, sed quas aniuio conceperat, cundem esse ; 
nihil cuira æque atquebas araat Oricns : Stalim iuitio, /.où tô fô>- h 
rfi (TTtoTta yatvet, zat rj «rxorea «vrô où xktî).«Çev, dicitur. Quod si 
chaldaice aut syriace efferas, suavissimam allusionem , quant nec 
græca, nec hcllenistica adraittit lingua, protinus agnosces. Nam tô 
cabhel est >tar«).«u6avsrv, i chai autem -h nvtl a, eniin 

Tharguraistis obscurari. Quantopere autem lios amaverit evange- 
lista, passim jam ostendimus. 

(Cfr. Goulianof, Archéologie égyptienne, III, p. Îi60.) 

(i) Igitur, ut jam dicebam, alia lingua primo concipit quæscri- 
Lit, alia, quæ jara conccpit, hellcnista exprimit. Primo enim ad 
originem ipsius linguæ rcspicit, qua sua exprimit, autejus sequitur 
interprétés. Et quia quæ divers» concipiac scribi soient, non con- 
veniunt ubique (nam ut litteræ ac syllabx, sic et allusiones ac paro- 
nomasiæ, quæ singulis sunt propriæ, transfundi commode vix pos- 
sunt), de his ipsis ex interprète carum lingua ferri sententia ac 
judicari potest. Utrum, nempe, hebræa aliquid conceptum fucrit 
an syra ; nam in eo quod eadein scriptura ac conceptum, nulla dif- 
ficultas. (Ibidem, un j/ett avant.) 


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SYMBOLES 


128 

(III, 560). L’académicien russe les fait suivre de ces 
réflexions : 

« C’est donc par la découverte des homonymies 
« dans les passages obscurs et difficiles, que le cé- 
« lèbre critique est parvenu à se convaincre de cette 
« importante condition de l’exégèse, savoir : que les 
« auteurs du Nouveau Testament ont souvent em- 
« ployé non pas le mot propre exprimant leur idée, 

• mais l'équivalent du mot sémitique, dont V homonyme 
« renferme cette idée, soit en syriaque, soit en chal- 
« déen, soit en hébreu. Salomon Glassius, dans sa 
« Philologitt sacra, au chapitre des Paronomases, 
« pour appuyer la découverte du célèbre commen- 
« lateur, cite maints exemples des homonymes hélé- 
« roglotles, et dit : Quandoque vocum r.afrr/mii et 
€ allusio in alia lingna quant ea, qua scripsit auctor 
« sanctus quœrenda est. » (Philologia sacra. Lipsiæ 
1 7 1 3, p. 1996.) 

« Nous citerons enfin, ajoute M. Goulianof, l'in- 
« tércssante dissertation inaugurale du savant com- 
« menlateur Chr. Michaëlis, destinée exclusivement 

* à l’examen des paronomases sacrées, tant de l’an- 
« cien que du Nouveau Testament. Après avoir in- 
« diqué les expressions mises en contact, ouem- 
« ployées dans la même phrase à la faveur de leur 
« consonnanre, l’auteur aborde le fait des homonymes 


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129 


DE LA BIBLE. 

« tacites, à l’examen desquels il consacre plusieurs 
c paragraphes ; et les réflexions dont il accompagne 
« chaque exemple, soit de ces derniers, soit des pa- 
t ronomases explicites, prouvent suffisamment que le 
« savant auteur, loin d’y voir des jeux de mots, les 
« considérait au contraire comme une classe d’ex- 
« pressions intimement liées à l’économie du style sa- 
« cré. Tel est aussi le sentiment du célèbre Glassius, 
« que nous avons cité tout à l’heure, sentiment au- 
« quel les commentateurs s’empresseront sansdoute 
« de se ranger lorsqu’ils aurout acquis la certitude 
« que les homonymes tacites donnent constamment 
« le mot de l’énigme et servent de légendes spiri- 
« tl'Elles à toutes les allégories, à tout es les paraboles, à 

* tout le langage symbolique ; que ce n’est nulle part 
« ailleurs que dans ces homonymes qu’il faut cher- 

* cher l’explication du sens mystique des Écritures, 
« toutes les fois que la lettre présente une difficulté à 
« l’exégèse ; qu’en un mot les homonymes tacites con- 
« stituent l’ejprif des Écritures cl servent de types au 
« langage mystique de la lettre , dont les valeurs 
« conditionnelles disparaîtront à mesure qu’on aura 
« apprécié leurs termes correspondants. » (Goulia- 
nof, Archéologie égyptienne, tom. III , p. 563.) 

J’adopte ici le principe du savant académicien de 
Pétersbourg, mais je m’étonne des conséquences 



■ ï 

* * 1 

4 • ’ ' ' 

* « 

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» 

« 

130 SYMBOLES 

qu’il en tire en disant qu’on chercherait en vain ces. 
homonymes dans les dialectes sémitiques (III, 
p. 569), et en prétendant expliquer les figures de la 
Bible par la langue copte, qu’il confond avec la 
langue sacrée de l’Égypte : « Il nous reste, dit-il, à 
« prévenir une objection superficielle, qui serait, du 
« reste, favorable à la question présente. Parmi les 
a hagiographes de l’Ancien Testament , la presque 
« totalité des prophètes n’ayant point été en Égypte, 

« ils ne pouvaient avoir la connaissance de la Lingue 
« sacrée de ce pays : cette objection devient encore 
« plus positive à l’égard des évangélistes et des 
« apôtres. Comment concevoir dès lors, dira-t-on, 

« la possibilité d’expliquer par le ministère de la 
« langue sacrée des Égyptiens, les paroles des pro- 
« phètes et celles des évangélistes et des apôtres, qui 
<r n’avaient nulle connaissance de cette langue? Or, 

« si le ministère de cette langue peut conduire à 
« l’intelligence du sens spirituel de V Écriture, ce fait 
« deviendra la démonstration en quelque sorte ma- 
« térielle de la révélation des mystères de la nou- 
« velle alliance et de l’inspiration des hagiographes. 

« (Ibid. p. 557.) 

Pour que le copte pût être considéré comme con- 
tenant le sens spirituel de la Bible, il faudrait d’a- 
bord que cette langue expliquât les symboles de 


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151 


# * 


* 


DE LA BIBLE. 

l’Égypte, ce que nous nions en présence des faits 
acquis à la science; il faudrait de plus montrer par 
le rapprochement de tous les passages de la Bible 
contenant le même mot, que ce mot a bien le 
double sens qu’on lui assigne ; or, c’est ce qui nous 
paraît impossible avec la méthode de M. Goulianof. 

Il est évident pour nous que si les prophètes fi- 
rent reposer leurs mystères sous le double sens des 
mots , ces mots furent empruntés à la seule langue 
qu’ils comprissent. 

Il est également palpable que si l'inspiration di- 
vine vint à l’insu meme des prophètes cacher le 
sens spirituel sous le double sens de la lettre, ce ne 
peut être que sous la lettre hébraïque que l’on peut 
retrouver les pensées secrètes des images bibliques, 
et non dans le copte ou l’égyptien vulgaire, inhabile 
à expliquer même les symboles de son propre pays. 

Du reste, le passage de Clément d’Alexandrie 
établit formellement que les symboles des Égyptiens 
sont semblables à ceux des Hébreux. M. Goulianof 
prétend, au contraire, que les symboles des Hébreux 
sont semblables à ceux des Égyptiens; il se trouve 
par conséquent en opposition et avec la science mo- 
derne et avec le seul passage d’un auteur ancien et 
compétent qui puisse éclaircir la question. 

Nous ne prétendons nullement que l’on puisse 


132 


SYMBOLES 


lever toutes les difficultés exégétiques de la Bible 
par le moyen que nous offrons ; nous n’avons pas 
surtout la folie de croire que l’on puisse par ce 
moyen ouvrir le livre de vie et en briser les sceaux , 
mais nous croyons seulement que la saine critique, 
avant de se priver de ce mode d'investigation, devra 
l’étudier consciencieusement, et ne l’admettre ou ne 
le rejeter qu’après lui avoir lait subir les épreuves 
dont il est susceptible. 

Je ne chercherai pas à expliquer ici comment le 
sens spirituel peut être caché sous le double sens de 
la lettre, je n’étudie et ne veux constater que le fait 
lui-même. 

Le sens symbolique ne se manifeste pas toujours 
d’une manière évidente dans une phrase du texte sa- 
cré. Aussi pour avoir la signification d’un symbole, 
il ne suffit pas de l’interpréter tel qu’il se rencontre 
dans un passage de la Bible , mais il faut réformer 
sa signification en prenant tous ses noms. La preuve 
de la vérité de cette règle résulte de ce que le Nou- 
veau Testament est écrit en partie d’une manière 
symbolique, ainsi que le prouve l’Apocalypse en- 
tier, le vingt -quatrième chapitre de saint Mat- 
thieu, etc., etc.; et que le grec n’est pas une lan- 
gue symbolique ; il faut donc que les symboles de 
l’Évangile fassent allusion à l’ensemble des syno- 


» 


_ _J)igiti2.ed bxQ.QPgle 



DE LA BIBLE. 


135 


nynies hébreux répondant au mot grec qu’il s’agit 
d’interpréter ; puisqu’il faut traduire le grec en hé- 
breu, il n’y a pas plus de motifs pour choisir une 
expression que son synonyme. 

Dans l’Ancien Testament l’écrivain sacré semble 
à dessein voiler sa pensée sous des mots qui n’ont 
pas le double sens qu’il leur donne évidemment. Si 
le Psalmiste dit que l’homme juste fleurira comme le 
palmier, mD 1 “IDTO pTi, il n’emploie pas l’expres- 
sion de DH thm, l’homme juste , pour le comparer au 
palmier "IDH thmr, mais il exprime sa pensée par 
un synonyme qui ne reproduit pas la même homo- 
nymie, p’HÏ tsdiq, l’homme juste. 

On comprend, en effet, que si la Bible avait tou- 
jours placé le symbole en regard de son homonyme, 
le mystère qui devait envelopper la lettre de la pa- 
role aurait été divulgué. Ainsi il ne faut pas, avec 
Fabre d’Olivet, vouloir expliquer une phrase de la 
Bible par elle-même en scrutant le sens moral de 
chaque mot ou de ses racines, on n’arriverait par 
cette méthode à aucun résultat utile et scienti- 
fique. 

Le moyen que j’indique pour l’interprétation de 
la Bible est celui dont je viens de montrer l’appli- 
cation aux symboles de l’Égypte; reconstituer d’a- 
bord le sens de chaque symbole par les significations 



134 


SYMBOLES 


morales de ses différents noms, et vérifier par l’ap- 
plication aux divers passages de la Bible, si ce sym- 
bole possède bien cette signification. Cette marche 
adoptée pour l’interprétation des monuments de 
l’Égypte , doit reproduire les mêmes résultats dans 
l’exégèse du livre sacré. 

Je dois ici adresser quelques observations aux 
chrétiens qui pourraient craindre que ces rappro- 
chements entre l’Égypte et nos croyances vinssent 
porter atteinte à ces dernières. La science ne saurait 
nuire à la religion chrétienne, toutes deux viennent 
de la source de toute vérité : si le système que je 
présente est vrai, il sera une nouvelle preuve de 
l’inspiration divine de la Bible ; si ce système est 
faux, la religion n’a rien à craindre de lui. 

Déjà, parmi les protestants, M. le pasteur Co- 
querel avait montré l’importance que les études 
égyptiennes pouvaient avoir pour l’exégèse de la 
Bible : « De tous les peuples, disait-il, l’Égyptien est 
« celui avec lequel les Hébreux ont eu le plus de rela- 
« tiens, depuis le voyage d’Abraham (Gen. XII. 10) 
* jusqu a la déportation de Jérémie (Jér. XLIII. 6), 

« c’est-à-dire depuis le premier patriarche, jusque 
« après la ruine de Jérusalem. Aussi l’Égypte est 
« le nom étranger qui se lit le plus souvent dans 
« l’Écriture; le signe distinctif de la race élue était 


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DE LA BIBLE. 


135 


« porté peut-être par le sacerdoce des Égyptiens (1); 
« Moïse avait été instruit dans toute leur sagesse 
« (Act. VII. 22); Salomon a épousé une fille de 
« leurs rois (I Rois, III. 1); et ce qui ajoute à l’in- 
« térêt de cette grande question, cest qu’il était 
« défendu à Israël de communiquer avec les nations 
« voisines; un seul peuple était excepté de cette 
« interdiction, et ce peuple , c’était l’Égyptien 
« (Deut. XXIII. 7). Tout concourait donc à faire 
« présumer que le meilleur commentaire des anti- 
« quilés judaïques était sculpté sur les temples, les 
« palais, les obélisques des Pharaons ; mais ces ler- 
c ribles hiéroglyphes semblaient séparer pour ja- 
« mais le Jourdain et le Nil (2). » 

Le travail du ministre protestant ne fut point 
perdu pour la science. M. l’abbé Greppo, vicaire 
général de Belley, en étendit les applications, et ne 
craignit pas de voir la vérité et de la publier ouver- 
tement. Rassemblant les nombreuses locutions bi- 
bliques qui semblent copiées des monuments de 
l’Égypte, il dit : « Les dates qu’on a lues en grand 

(1) Voyez, pour la circoncision des prêtres égyptiens, l’article 
Fourmi, p. 60. 

(2) Lettre sur le système hiéroglyphique de M. Champollion , 
considéré dans scs rapports avec l’Écriture sainte , par Coquerel ; 
Amsterdam, 1825, p. 6-7. 


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4 


136 SYMBOLES 

« nombre, jusqu’à ce jour, dans les inscriptions hié- 
« roglyphiques, hiératiques ou démotiques des 
« stèles, des papyrus, etc., sont toujours menlion- 
« nées selon la môme formule, et ne diffèrent en rien 
a de la manière dont les livres saints ont coutume 
« de les exprimer : Dans l'année cinquième, le cin- 
« qui ème jour du mois de...,, de la direction du roi du 
« peuple obéissant (les cartouches , prénoms et noms 
« du prince). Cette similitude d’expressions n’est- 
« elle pas frappante ? 

« Il en existe de plus saillantes peut-être dans 
« quelques titres d’honneur donnés aux princes et 
« aux dieux, et que M. Champollion a recueillis 
« dans son Tableau général. Plusieurs de ces formules 
« de protocole retracent des idées religieuses qu’on 
€ chercherait en vain dans les monuments de l’anti- 
<■ quité, soit grecque, soit romaine ; mais qui domi- 
« nent dans le style noble et simple des divines Écri- 
« turcs. Telles sont celles de chéri ( 1 ) d'Ammon (Ju- 
c piter),tout-à-fait semblable au dilectus a Domino suo 
« Samuel (Eceli. XLYI. 16), approuvé par Phtah (Vul- 

(1) On a souvent remarqué que l’antiquité païenne parle peu de 
l’amour dû à la Divinité. Chez les Égyptiens, les expressions chéri 
des dieux , aimant les dieux , sont fréquemment répétées, et sem- 
blent indiquer des idées plus justes de la Divinité et des devoirs 
qu’elle impose aux hommes. (Note de l’abbé Groppo.) 


DE LA BIBLE. 


137 

« cain) , éprouvé de Ré (le soleil) , expressions ana- 
« logues à celles d' acceptas Deo , probatus Deo , souvent 
« répétées dans l’Écriture. Les dieux seigneurs , titre 
« identique, à part la pluralité, au Dominus Deus de 
« la Bible ; grand et grand , qualification donnée à Jholh, 
« le Mercure égyptien, et qui rappelle le sanctus , 
« sanctus , sanctus , que, dans nos sublimes prophètes, 
« les chœurs des cieux chantent sans lin au pied du 
« trône de l’Éternel (1). 

Je ne suivrai pas M. Greppo dans d’autres rap- 
prochements semblables, ceux-ci suffiront pour mon- 
trer que la Bible et les monuments de l’Égypte se 
prêtent un mutuel secours pour leur interprétation, 
et qu’aujourd’hui le critique éclairé ne saurait re- 
pousser les avantages qui doivent naître de l’examen 
attentif et de la comparaison des monuments hiéro- 
glyphiques avec les livres et la langue du prophète 
hébreu, de Moïse, initié à toute la sagesse des Égyptiens 
(Actes des Apôtres, VII. 22.) 

Je ne m’appuierai pas ici sur la ressemblance qui 
existe entre l’hébreu et le copte , ainsi que le montre 
le docteur Loeve (2), et sur les rapports plus décisifs 

(1) Essai sur le système hiéroglyphique de M. Champollion le 
jeune , et sur les avantages qu’il offre à la critique sacrée , par 
Greppo. Paris, Dondey-Dupré, 1820. 

(2) The Origin of thc egyptian languagc proved by the analysis 


138 


SYMBOLES 


qui unissent la langue sacrée des Juifs à la langue 
sacrée des Egyptiens ; je me bornerai à présenter 
quelques exemples de l’application de notre théorie 
aux symboles de la Bible ; la plupart de ceux de 
l’Égypte examinés dans le deuxième chapitre ont 
déjà trouvé leur application au livre saint, et je n’ai 
prétendu donner ici qu’un nouvel instrument d’exé- 
gèse, et non un traité de la matière. 

PIERRE. 

La pierre et le rocher devinrent , à cause de leur 
dureté et de leur usage , le symbole d'un fondement 
ferme et stable. 

Le noin générique des pierres ou rochers en hé- 
breu est [SX abn, mot qui, d’après Gesenius, signi- 
fierait aussi construire, édifier, et qui, suivant le même 
savant, s’identifie avec, la racine JDX amn , un architecte, 
la vérité et la foi; de là i“C2X amne , une colonne et la 
vérité. 

Nous appuyant sur l’interprétation de l’un desplus 
célèbres hébraïsants de l’Allemagne, nous devons 
donc considérer la pierre comme le symbole de la foi 
et de la vérité. 

of that and the hebrew, by D' Loewc; London, 1837. Cfr. Di- 
dymi Taurinensis, Littérature coptitæ rudiracntuin ; Parmi, 1 783. 


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DE LA BIBLE. 


139 

Le Christ dit à Simon, qui venait de le reconnaître 
comme fils du Dieu vivant : Tu es pierre, et sur cette 
pierre je bâtirai mon temple (1). (Matth. XVI. 18.) 

Le Christ enseigne le principe même de la symbo- 
lique en nommant Pierre celui qui représentait la 
foi, ou le fondement de l’Église. 

Les pierres précieuses possèdent spécialement 
dans la Bible la signification de vérité, l’Apocalypse 
de saint Jean en donne de nombreux exemples. 

Les monuments de l’Égypte nomment les pierres 

précieuses , pierres dures de la vérité ^ ^ 1 2 

(Champ. Gramm. égypt. p. 100.) 

Par opposition à cette signification de vérité et de 
foi , la pierre reçut dans la Bible et en Égypte la 
signification d’erreur et d'impiété, et fut attribuée 
chez ces deux peuples au génie infernal, fondement 
de toute fausseté (2). 

Le nom de Seth ou Typhon, le principe du mal 
et de l’erreur dans la théogonie égyptienne, est tou- 
jours accompagné d’un signe symljolique ; ce signe 

(1) tp rucher, «B’3 chald. , d’où le nom grec de Pierre, 
K» , Cqihas ; le mot tp rocher, signifie de plus la plante des 
pieds , hase de l’homme. 

(2) Pour la règle des oppositions, voyez l’ouvrage sur les Cou- 
leurs symboliques, p. 32. 


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140 


SYMBOLES 


est la pierre d’après la grammaire de M. Champol- 
lion (p. 100). 

Seih (Champ. G l'arum, égypt. p. 114). 


Le nom de la divinité égyptienne est également 
consacré par la Bible, puisque le groupe hiérogly- 
phique donne en caractères hébraïques le mot uttf 
sciit, le péché, qui forme le nom de Satan, JUEf scittn. 
Ce nom Satan signifie en hébreu l’adversaire, Vennemi; 
or un des noms hébreux de la pierre signifie de plus 
l’adversaire, l'ennemi, “)ï tsr, lapis, adversarius , hostis 
(Gesenius). 

La pierre spécialement consacrée à Seth ou Ty- 
phon était la pierre taillée, aussi cette pierre reçut 
dans la langue des monuments le nom de Seth, à l’ex- 
clusion de toutes les autres, qui se nomment anr 
(Champ. Gramm. égypt. p. 100). La vérité avait pour 
symbole la pierre dure, et la fausseté la pierre tendre 
qu’on taille. 

Le nom delà pierre Seth reçut un déterminatif par- 
ticulier, le couteau placé au-dessus du signe repré- 


sentant une pierre (1) 



L’hébreu explique 


(t) M. Champollion traduit cc groupe par pierre calcaire ; le 
inot sdh n’existant pas dans le copte, il faut s’en tenir au groupe 


-Si j — ; -C-.— 



DE LA BIBLE. 


141 


encore ce groupe inexplicable par le copte ; le mot 
tsr signifie une pierre , un ennemi , et un couteau , 
et forme le mot*n¥ tsur, couper, tailler , et une pierre . 

Jéhovah dit dans l’Exode : Si tuin élèves un autel , tu 
ne le construiras pas avec des pierres coupées ; si tu lèves 
le couteau (ou ciseau) dessus , il serait profané. (Exode, 
chap. XX, verset 22 de 1 hébreu et 25 des traduc- 
tions.) 

Josué dressa un autel de pierres auxquelles le ciseau ne 
toucha point. (J osué, VIII. 30. 31.) 

Le temple de Jérusalem fut construit de pierres entières ; 
le marteau , la scie , ni aucun instrument de fer ne furent 
entendus tandis qu’on l’élevait. (I Rois VI. 7, qui est 
le III e de la Vulgate.) 

POTIER. 


4 



Isaïe dit : Jéhovah, vous êtes notre père, nous sommes 


lui-même, qui signifie proprement pierre taillée, coupée , le couteau 
étant dans la Grammaire égyptienne le déterminatif des idées de 
division et de séparation. (Champ. Gramm. cgvpt. p. 584.) 


SYMBOLES 


U i 

de l'argile, vous êtes notre potier, et nous tous nous sommes 
l'œuvre de vos mains (Is. LXIV. 8). 

Ce passage est facile à comprendre, il sera donc fa- 
cile d’y voir l’application du principe que nous avons 
établi. 

Le mot employé par Isaïe est IX 1 itsr, qui signifie 
un potier et le créateur du monde. 

Job (XVII. 7) nomme les membres humains Ü'HÏP, 
proprement les moulures du potier. 

Et le nom de l’homme Q*1N adjc, Adam, est formé 
de celui de l’argile ou terre rouge, HDIN adme. 

Ainsi la langue hébraïque donne d’une manière 
positive la signification d’un symbole ou d’une image 
sur laquelle on ne peut se méprendre. 

L’Égypte ici vient confirmer ce système : sur les 
bas reliefs de l'abalon de Philé, dit Salvolini, on voit le 
dieu Chnouphis le formateur , fabricant les membres hu- 
mains sur un tour de potier chargé d'une masse d'argile. 
(Analyse des textes égyptiens, p. 24, n“ 76.) 

M. Champollion donne dans sa grammaire l’image 
de Kneph potier (p. 283 et 348). Nous reproduisons 
ici une des variantes de ce symbole. 

PALMIER. 

Le palmier était le symbole de la vérité, de 1 ’inté- 


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DE LA BIBLE. 


1 iS 


grité, de la. justice, puisque son nom ~\Î2H tiimii, le pal- 
mier, la palme, est formé de celui de Dfl tiim , l’intégrité, 
la justice et la vérité, MrjOtia. 

Le Psalmiste dit : Le juste fleurira comme le palmier 
"1DD. (I»s. XCII, 13, trad. de la Vulgate XCI, 13.) 

Dans l'Apocalypse, les justes portent des palmes 
à la main (VII. 9). 

Quand Jésus vint à Jérusalem pour la fête , les 
Juifs prirent des branches de palmier, et allèrent 
au-devant de lui, criant: Béni soit celui qui vient au 
nom du Seigneur (Jean, XII. 13.) 

CHEVAL. 

Le cheval est le symbole de l’intelligence; l’homme 
doit gouverner son esprit, comme le cavalier guide 
son coursier. 

Ceci résulte de l’hébreu, puisque le nom du cheval 
de selle, EHD piisch, signifie de plus expliquer, définir, 
donner l'intelligence. (Gesenius, Rosenmüller.) 

Ceci résulte également de la Bible, qui traduit le 
cavalier par la sagesse, et le cheval par l’intelligence, 
dans un passage où parlant de l’autruche elle dit : 
Comme Dieu lui a fait oublier la sagesse, et ne lui a 
point accordé l'intelligence ; dans le moment quelle s’élève 



SYMBOLES 


144 

dans les airs, elle rit du cheval et de son cavalier. 
(Job. XXXIX. 17. 18.) 

Vous serez rassasies à ma table du cheval et du char, 

dit Ëzéehiel. (XXXIX. 20.) 

Rassemblez-vous au grand festin de Dieu, etvousy man- 
gerez les chairs des chevaux et de leurs cavaliers, dit l’A- 
pocalypse. (XIX. 17. 18.) 

Qui ne voit ici qu’il ne peut être question de 
manger du cheval , du char et du cavalier, mais de 
s’approprier l’intelligence des vérités divines? le ca- 
valier désigne la sagesse qui guide l’intelligence, le 
char représente la doctrine religieuse. 

L’intelligence de l’homme qui n’est pas enchaînée 
parla sagesse, est désignée dans les passages suivants : 
Jéhovah ne se complaît pas dans la force du cheval, 

(Ps. CXLVII. 10.) 

On compte en vain sur le cheval pour se sauver. 
(Ps. XXXIII. 17.) 

Jéhovah rendra Juda un cheval de gloire ; ceux qui seront 
sur des chevaux seront dans la confusion. (Zach. X. 3 à 5.) 

Ainsi le cheval représente l’intelligence de 
l’homme qui s’élève vers Dieu ou qui s’abrutit en 
descendant vers la matière; c’est ce dernier état qui 
est également spécifié dans ce passage : Ne soyez point 
comme le cheval et le mulet, qui n'ont point d'intelligence. 

(Ps. XXXII. 9.) 


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DE LA. BÏBLE. 


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Le cheval de course, le coursier vigoureux, se nomme 
KO”) bksch, mot qui signifie de plus acquérir, s'ap- 
proprier, parce que l’esprit de l’homme parcourant 
le champ de l’intelligence acquiert de nouvelle? con- 
naissances. 


AGNEAU. 

Jean, dans le premier chapitre de son Évangile, 
nous enseigne que le Messie était le Verbe ou la pa- 
role de Dieu; le précurseur voyant Jésus venir vers 
lui, s’écrie : Voici l’agneau de Dieu qui ôte le péché du 
monde. (Jean, I. 30.) 

Le nom de l’agmeau TDK amr (chald.) est en hé- 
breu celui de la parole ou du Verbe. 

Le Verbe divin s’est incarné sur la terre pour ôter 
le péché du monde et soumettre l’empire du mal, et 
le mot KOD kbsch signifie un agneau, engendrer, el sou- 
mettre sous ses pieds. (Gesenius.) 

SOLEIL ET LUNE. 

Le soleil échauffant et éclairant le corps de 
l’homme fut le symbole delà Divinité qui embrase le 
cœur, et qui se révèle à l’intelligence; c’est ce que la 
langue hébraïque enseigne, et ce que la Bible em- 
ploie dans ce sens. 

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SYMBOLES 


Le nom du soleil et de la lumière "HN air, signifie 
la révélation et la doctrine. (Gesenius.) 

La lune, qui, d’après les prêtres égyptiens, est t//n- 
minée par le soleil et en reçoit toute sa force vitale (I), 
devint le symbole de la foi qui réfléchit les vérités 
révélées; ce fut pour ce motif que le nom de la lune 
ITT iriie forma le verbe n~ P ire, apprendre, enseigner. 

En Égypte, renseignement des vérités de la foi 
était représenté par la rosée ou la pluie (Horap. I. 37) ; 
et le même mot ITT ire signifie arroser, jeter des 
gouttes d’eau. Dans les représentations du baptême 
égyptien, les deux personnages qui épanchent les 
eaux de la vie divine et de la pureté sur la tête du 
néophyte, symbolisent le soleil et la lune, ou Horusà 
tête d’épervier, et Thoth-Lunusà tête d’ibis (‘2). 

Enfin, comme la foi est le fondement de l’Église, 
le même verbe ITT signifie fonder, poser la pierre 
angulaire fondamentale. (Gesenius.) 

Il résulte de ces observations que le soleil est le 
symbole de la révélation de l’amour et de la sagesse 
de Dieu, et que la lune est le symbole de la foi. Ap- 
pliquons ces significations à quelques passages obs- 
curs de la Bible. 

(1) Eusèbe, Prcrpar. evangel, lib. III. cap. xu. Cfr. Chain— 
poil ion, Panthéon égyptien, art. Pooh, 

(2) Voyez l’article Rosée. , 


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DK LA BIBLE. 


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A l’ordre de Josué, le soleil s’arrête sur G ibeon.ella 
lune sur la vallée d’Ajalon (Josué, X. 12). Je ne dis- 
cute pas ici la question du miracle, je recherche 
seulement le sens caché de ce passage : le soleil qui 
s’arrête signifie la présence de l’amour divin qui en- 
llanune le cœur des hommes; la lune qui s’arrête 
désigne la présence de la foi qui éclaire et forlilie 
l’esprit. Cette exclamation, que Josué emprunte au 
livre prophétique de laschar (Josué, X. 13), n’est- 
elle pas une invocation à l’amour divin d’animer le 
cœur des combattants, et à la foi de donner de la 
puissance à ses armes? 

Un passage d’Isaïe prouve la vérité de cette inter- 
prétation : 

Ton soleil ne se couchera plus, dit le prophète, et la 
lune ne se retirera plus ; car T Éternel sera pour loi une 
lumière perpétuelle, et les jours de ton deuil seront finis. 

(Isaïe, LX. 20.) 

Le soleil qui s’arrête manifeste b présence de Dieu; 
par opposition, le soleil qui se couche désigne l’ab- 
sence de la Divinité, c’est ce qui résulte des passages 
suivants : Et il arrivera en ce jour-là, dit le Seigneur 

Y Eternel, que je ferai coucher le soleil en plein midi. 

(Amos, VIII. 9.) 

Jérémie dit : Celle qui a engendré sept enfants rendra 

Y dme, son soleil se couchera pendant le jour. (Jér. XV. 9.) 


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SYMBOLES DE LA BIBLE. 


Le soleil possède quelquefois dans la Bible une 
signification néfaste d’ardeur dévorante , de fureur , 
d’égoïsme, qui s’explique par le mot non iieme , le so- 


dé la racine DP! iiem. (Voy. l’article Crocodile .) 

Job se loue de n’avoir point adoré le soleil et la 
lune (XXXI. 2G) , c’est-à-dire de n’avoir point été 
égoïste et pervers, et de n’avoir point eu foi dans sa 
propre sagesse; il n’est pas question de sabéisme 
dans ce passage, mais des deux fondements de la vie 
spirituelle de l’homme, l 'amour et V intelligence. 


leil, Y ardeur du soleil, la co/ère (Geseni us); sens que l’on 
retrouve également dans le nom du crocodile , formé 



FIN. 



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